Abidjan, 07 nov 2024 (AIP)-Le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français, a été attribué lundi 04 novembre 2024 au romancier franco-algérien, Kamel Daoud, pour son roman Houris (éditions Gallimard), une fiction sur les massacres de la « décennie noire » algérienne (1992-2002).
« Il a récolté au premier tour six voix du jury, contre deux pour Hélène Gaudy, une pour Sandrine Collette et une pour Gaël Faye », a annoncé le président de l’Académie Goncourt, l’écrivain Philippe Claudel.
Le lauréat du Goncourt, Kamel Daoud, 54 ans, est un chroniqueur critique de l’Algérie dont la liberté de ton a fini par le contraindre à quitter sa ville d’Oran pour Paris, à contrecœur.
Houris, son roman, n’a pas pu être exporté vers l’Algérie et encore moins traduit en arabe. Comme l’écrit l’auteur dans son roman, la loi algérienne interdit toute évocation dans un livre des événements sanglants de la décennie noire, la guerre civile entre pouvoir et islamistes entre 1992 et 2002. « En Algérie, on m’attaque, car je ne suis ni communiste, ni décolonial encarté, ni antifrançais », disait-il.
Cet écrivain est controversé chez lui en Algérie, car une bonne partie de l’opinion et de l’intelligentsia algériennes lui colle l’étiquette de traître à son pays. Par contre, nombre d’Algériens admirent sa plume, sa connaissance de l’histoire du pays, et son entêtement à poser les questions controversées.
Fils de gendarme, Kamel Daoud est né à Mostaganem (nord-ouest) en juin 1970, et aîné de six enfants. Il a été élevé par ses grands-parents dans un village dont il est devenu l’imam à l’adolescence, frayant avec les islamistes, avant de s’éloigner de la religion. Seul de sa fratrie à faire des études, de lettres, il s’oriente vers le journalisme, un métier qu’il qualifie de dangereux et très délicat car, il dénonçait crûment tout ce qui ronge la société algérienne, à savoir, corruption, hypocrisie religieuse, incurie du pouvoir, violences, archaïsmes, inégalités… Père de deux enfants, il a arrêté le journalisme en 2016, au profit de la littérature.
Quelques œuvres littéraires récentes de l’auteur: Zabor (2017), Le peintre dévorant la femme (2020), BibliOdysées: 50 histoires de livres sauvés (2019), Mes indépendances: Chroniques 2010-2016 (2018).
(AIP)
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