Abidjan, 30 nov 2024 (AIP)- Le nouveau rapport de l’ONUSIDA présenté mercredi 27 novembre 2024 à Génève (Suisse) par la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, souligne que le monde peut atteindre l’objectif de mettre fin au sida en tant que menace de santé publique d’ici 2030, à condition que les dirigeants protègent les droits humains de toutes les personnes vivantes avec le VIH ou à risque.
À l’approche de la Journée mondiale de lutte contre le sida (le 1er décembre), le rapport révèle que parmi les 39,9 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde, 9,3 millions n’ont toujours pas accès aux traitements vitaux, ce qui marque un frein de la lutte au niveau mondial. En effet, au cours de l’année 2023, 630 000 personnes sont mortes de maladies liées au sida, tandis que 1,3 million de nouvelles infections ont été enregistrées dans le monde. Dans au moins 28 pays, le nombre de nouvelles infections est en hausse.
« Pour inverser cette tendance, il est impératif que les programmes vitaux soient accessibles à tous sans crainte. Malgré les progrès considérables réalisés dans la lutte contre le VIH, les violations des droits humains continuent d’empêcher le monde d’éradiquer le sida », a soutenu Mme Byanyima, qui rappelle que «quand des filles sont privées d’éducation, quand les violences basées sur le genre sont impunies, quand des personnes risquent d’être arrêtées pour ce qu’elles sont, (…), ou quand accéder aux services de santé devient dangereux en raison de leur communauté, elles se voient privées des services essentiels pour sauver leur vie et mettre fin à la pandémie. Protéger la santé de tous implique de protéger les droits de tous ».
Le rapport, dénommé « Emprunter la voie des droits pour mettre fin au sida », stipule aussi qu’en 2023, chaque jour, 570 jeunes femmes et filles âgées de 15 à 24 ans ont contracté le VIH. Dans 22 pays d’Afrique orientale et australe, les jeunes femmes et filles de cette tranche d’âge sont trois fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que leurs homologues masculins. Aussi, la criminalisation et la stigmatisation des communautés marginalisées entravent l’accès aux services de santé essentiels contre le VIH. Dans la Déclaration politique de 2021 sur l’élimination du VIH/sida, les pays se sont engagés à ce qu’en 2025, moins de 10 % des pays maintiennent des cadres juridiques et politiques restrictifs limitant l’accès aux services de lutte contre le VIH. Pourtant, en 2023, 63 pays criminalisent encore les relations entre personnes de même sexe. Ces lois freinent la réponse au VIH car parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, la prévalence du VIH est cinq fois plus élevée dans les pays où ces relations sont criminalisées.
La science continue d’innover contre le sida. Les médicaments à action prolongée, qui ne nécessitent que quelques injections par an, pourraient changer la donne, mais seulement si une approche fondée sur les droits humains est adoptée pour rendre ces technologies accessibles et abordables à travers le monde. « Les outils médicaux qui sauvent des vies ne peuvent être prévus comme de simples marchandises. Les options thérapeutiques et préventives révolutionnaires en cours de développement doivent être mises à disposition sans délai pour garantir un accès universel », a déclaré le spécialiste du VIH aux Hôpitaux universitaires de Genève, Alexandra Calmy.
La fondatrice de l’ANSS et première personne au Burundi à révéler publiquement son statut séropositif, Jeanne Gapiya-Niyonzima, a affirmé que « « si le monde veut mettre fin au sida en tant que menace de santé publique, il doit protéger les droits de chaque individu, car nous connaissons le chemin pour construire une société où chacun peut prospérer ».
Le rapport comprend dix essais rédigés par des dirigeants de la lutte mondiale contre le sida, notamment l’artiste-musicien Elton John, l’archevêque du Cap, Thabo Makgoba, le président Irlandais, Michael D. Higgins, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, et l’ancienne présidente de la Société internationale du sida, Adeeba Kamarulzaman.
(AIP)
tls/kam