Yamoussoukro, 06 déc 2024 (AIP) – Un colloque pluridisciplinaire sur les médias et la propagande sous la gouvernance du président Félix Houphouët-Boigny s’est ouvert jeudi 4 décembre 2024 à Yamoussoukro.
L’événement, initié par des chercheurs ivoiriens, a réuni à son ouverture trois grandes figures de la presse en Côte d’Ivoire, Danielle Boni Claverie, Georges Tai Benson et Jean-Baptiste Akrou.
Invités à animer un panel, ces acteurs majeurs de la presse ont replacé la politique médiatique de Houphouët-Boigny dans le contexte des premières années de l’indépendance, une période marquée par la nécessité de créer une nation ivoirienne, nécessitant selon la volonté des dirigeants de promouvoir une pensée unique.
« Nous étions dans un système de parti unique, ce qui pouvait se comprendre car il fallait construire une nation », a expliqué Danielle Boni Claverie, journaliste et ancienne ministre de la Communication, qui a notamment animé le journal télévisé sur la seule chaîne de télévision nationale de l’époque.
Elle a souligné que, durant cette période, les Ivoiriens s’identifiaient d’abord à leur ethnie, avant de devenir pleinement Ivoiriens. « Il a fallu construire ce sentiment d’identité commune, et c’est grâce à Houphouët que cette unité a été réalisée », a-t-elle ajouté.
Formés dans les écoles de journalisme occidentales, les journalistes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) et ceux des autres médias de cette époque étaient cependant invités à se démarquer de leurs homologues étrangers.
« On nous disait : vous n’êtes pas des journalistes comme en Occident, mais des acteurs du développement », a précisé Mme Claverie. Elle a néanmoins souligné que cette situation ne devait pas être perçue comme une contrainte, citant les conseils nationaux comme des espaces de liberté qui permettaient aux Ivoiriens et donc aux journalistes de dialoguer directement avec le président.
De son côté, Georges Tai Benson a insisté sur l’importance que l’ancien président accordait aux programmes de la RTI, ainsi que sur ses interventions, parfois redoutées, pour demander des ajustements ou des rediffusions de programmes, notamment sportifs et fictionnels, qui correspondaient à ses goûts et ceux de millions d’Ivoiriens.
La seconde journée du colloque sera consacrée à une analyse critique de la gestion des médias et de la propagande sous le régime de Houphouët-Boigny, vue à travers le prisme du monde universitaire.
(AIP)
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