Abidjan, 15 déc 2024 (AIP) – Un rapport sur la dette internationale de la Banque mondiale révèle que les pays en développement ont dépensé un montant record de 1 400 milliards de dollars pour le service de leur dette extérieure en 2023, avec des paiements d’intérêts atteignant 406 milliards de dollars, le niveau le plus élevé depuis 20 ans, une situation qui a grevé les budgets destinés à des domaines critiques tels que la santé, l’éducation et l’environnement.
La pression financière a été particulièrement intense dans les pays les plus pauvres, éligibles aux prêts de l’Association internationale de développement (IDA), selon ce rapport, soulignant qu’en 2023, ces pays ont payé 96,2 milliards de dollars pour rembourser leur dette extérieure, avec des charges d’intérêt atteignant 34,6 milliards de dollars, soit quatre fois plus qu’il y a dix ans. En moyenne, les paiements d’intérêts des pays IDA représentent près de 6 % de leurs recettes d’exportation, allant jusqu’à 38 % pour certains.
En raison du resserrement des conditions de crédit, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales sont devenues la principale bouée de sauvetage des économies les plus pauvres. Depuis 2022, les créanciers privés étrangers ont reçu 13 milliards de dollars de plus en remboursement de la dette contractée par des emprunteurs du secteur public des pays IDA que ce qu’ils ont déboursé en nouveaux financements. Pendant la même période, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales ont injecté 51 milliards de dollars de plus en 2022 et 2023 par rapport aux remboursements perçus au titre du service de la dette.
« Les institutions multilatérales sont devenues la dernière planche de salut pour les économies pauvres qui s’efforcent d’équilibrer les paiements de la dette avec les dépenses consacrées à la santé, à l’éducation et à d’autres priorités de développement », explique l’économiste en chef et vice-président senior du Groupe de la Banque mondiale, Indermit Gill.
Dans les pays pauvres très endettés, les banques multilatérales de développement jouent désormais le rôle de prêteur en dernier ressort, un rôle pour lequel elles n’ont pas été pensées.
La pandémie de COVID-19 a alourdi le fardeau de la dette de tous les pays en développement et la flambée des taux d’intérêt mondiaux a rendu plus difficile le redressement de la situation pour bon nombre d’entre eux. Fin 2023, la dette extérieure totale des pays à revenu faible et intermédiaire atteignait 8 800 milliards de dollars, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2020. La dette extérieure des pays éligibles à l’IDA a grimpé à 1 100 milliards de dollars, soit une hausse de près de 18 %.
En 2023, les emprunts à l’étranger sont devenus beaucoup plus coûteux pour tous les pays en développement. Les taux d’intérêt sur les prêts des créanciers publics excèdent 4 %, tandis que les taux appliqués par les créanciers privés ont augmenté de plus d’un point pour atteindre 6 %, leur niveau le plus élevé en 15 ans. Bien que les taux d’intérêt mondiaux aient commencé à baisser, ils devraient rester supérieurs à la moyenne qui prévalait avant la pandémie.
Le rapport sur la dette internationale présente les principaux éléments issus de la base de données de la Banque mondiale sur les statistiques relatives à la dette internationale, la source la plus complète et la plus transparente de données sur la dette extérieure des pays en développement. Il témoigne d’un effort accru pour garantir l’exactitude des informations relatives à la dette des pays IDA, grâce au rapprochement des données que ces économies communiquent au système de notification des débiteurs de la Banque mondiale avec celles fournies par les créanciers du G7 et du Club de Paris. Cet exercice de rapprochement prêt par prêt a permis d’obtenir un taux de concordance des données de 98 %, ce qui réduit la marge d’erreur de dix à seulement deux points.
« Des données exhaustives sur les engagements des gouvernements peuvent favoriser de nouveaux investissements, réduire la corruption et prévenir de coûteuses crises de la dette », a précisé le statisticien en chef de la Banque mondiale et directeur du Groupe de gestion des données sur le développement de l’institution, Haishan Fu. La Banque mondiale a joué un rôle de premier plan dans l’amélioration de la transparence de la dette à travers le monde, en particulier dans les pays éligibles à l’IDA. En 2023, près de 70 % de ces économies ont publié des données sur la dette publique, entièrement accessibles sur un site web gouvernemental, soit une augmentation de 20 points par rapport à 2020. C’est un signe encourageant pour l’avenir.
(AIP)
kp