Abidjan, 14 jan 2025 (AIP)- Des scientifiques ont constaté que le ver de farine, friand de denrées alimentaires sèches, pouvait aussi se nourrir de plastique, le digérer et le transformer en déchets biodégradables. Une découverte qui pourrait révolutionner notre manière de gérer les déchets plastiques, véritable fléau pour l’environnement.
En effet, Dr Fathiya Khamis et son équipe du Centre international de physiologie et d’écologie des insectes (ICIPE) du Kenya, ont étudié les larves en 2020. Ils ont observé les vers de farine sombres se nourrir d’un bloc de polystyrène blanc (un plastique également appelé polystyrène).
Lorsque les larves des espèces de vers de farine commencent à se nourrir du plastique, leurs intestins libèrent des enzymes qui le digèrent. Ces enzymes décomposent le plastique en dioxyde de carbone et en un déchet appelé frasil.
Ce faisant, l’équipe a découvert des similitudes entre cette espèce et une autre espèce de ver dont on a constaté qu’elle digérait le plastique aux États-Unis.

« Nous avons mis 3,6 grammes de polystyrène à dégrader pour 100 à 150 insectes. Lorsque nous avons procédé à ce que l’on appelle le méta-barcodage du contenu intestinal, nous avons constaté que les insectes présentaient un niveau plus élevé de bactéries associées à la décomposition du plastique », explique Dr Khamis, biologiste moléculaire.
Dr Anja Brandon, aujourd’hui directrice de la politique des plastiques à Ocean Conservancy, a participé à l’étude américaine sur le ver de farine jaune à l’université de Stanford. Elle explique qu’ils ont étudié deux types de plastiques différents que les vers de farine (les bactéries présentes dans leurs intestins étaient capables de décomposer).
« Le styromousse ou polystyrène est le deuxième type de plastique, le polyéthylène. Nous espérions créer une solution qui pourrait être mise à l’échelle pour traiter certains de ces types de plastiques difficiles à recycler qui se trouvent déjà dans l’environnement », explique-t-elle.
Un potentiel passionnant
Aux quatre coins du monde, la pollution plastique a des conséquences considérables. Elle perturbe les écosystèmes, contamine les chaînes alimentaires et a été identifiée comme une menace pour la santé, de minuscules microplastiques ayant même été détectés chez l’homme.
En effet, le monde produit plus de 450 millions de tonnes de plastique/an, selon le site web scientifique Our World in Data. Sur ce total, environ 350 millions de tonnes finissent en déchets, dont 3,4 millions de km2 de ces déchets dans les océans. La moitié est mise en décharge, 19 % sont incinérés et moins de 10 % sont recyclés. On estime que moins de 2 % du plastique recyclé est du polystyrène.Rien qu’aux Etats-Unis, 33 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, et seuls 10% sont ensuite recyclés.
Bien qu’elle ne produise que 5 % du plastique mondial, l’Afrique est aujourd’hui le deuxième continent le plus pollué par le plastique. Cette situation a été attribuée aux plastiques à usage unique et aux mauvais systèmes de gestion et de recyclage des déchets. Quelque 19 des 50 plus grandes décharges de plastique au monde se trouvent en Afrique subsaharienne.
(AIP)
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