Abidjan, 23 jan 2025 (AIP)- Le Marché africain des solutions spatiales (MASS 2025) se tiendra du 06 au 08 mai 2025 au Parc des Exposition d’Abidjan. L’AIP est allée à la rencontre du commissaire général, Fabrice Irié Bi, par ailleurs directeur d’OTIF Africa Space, une agence d’exécution affiliée à d’Agence apatiale africaine (AfSA), mise en place par l’Union africaine. Il se penche sur cet évènement qui se veut la vitrine technologique et unique en Afrique, pour ce qui concerne les affaires spatiales et son impact sur le quotidien des populations. Interview.
AIP : Pour les populations, les sciences spatiales sont vues comme abstraites, faites et/ou utilisées que par les scientifiques. Qu’en est-il exactement ?
Les sciences spatiales ne sont pas uniquement l’apanage des scientifiques. En réalité, elles touchent notre quotidien à travers des applications concrètes. Prenons pour exemple la prévision météorologique, les systèmes GPS, les télécommunications, la télédétection pour l’agriculture et bien d’autres. L’enjeu est de vulgariser ces applications pour les rendre plus accessibles et compréhensibles par les populations.
Ce sont des préjugés qu’il faut déconstruire, car les sciences spatiales ne sont pas uniquement réservées aux scientifiques. En réalité, elles touchent plusieurs aspects de notre vie quotidienne. Il ne s’agit pas d’un domaine éloigné de nos réalités. Aujourd’hui, l’enjeu majeur est de renforcer cette prise de conscience et de nous approprier davantage ces solutions qui existent déjà pour accélérer le développement de nos États et de nos économies, car c’est le nouveau pilier du développement socioéconomique des pays.
AIP : A combien peut-on estimer ces fonds en Afrique ? En Côte d’Ivoire ?
Les investissements dans le spatial en Afrique sont en constante croissance. L’économie spatiale africaine devrait croître de 16,16 % pour atteindre 22,64 milliards de dollars d’ici 2026, selon une étude de l’entreprise Space in Africa.
En Côte d’Ivoire, le poids des sciences spatiales est en pleine évolution, notamment avec des initiatives majeures dans des secteurs clés tels que l’agriculture de précision et la surveillance environnementale (les frontières, l’orpaillage clandestin, prévoir les catastrophes naturelles).
AIP. Que doivent faire les Etats africains, et aussi notre pays pour s’approprier et vraiment rapprocher les populations des solutions spatiales ?
Les actions à mener sont à différents niveaux :
- Éducation et sensibilisation : Intégrer les sciences spatiales dans les curricula des programmes scolaires et universitaires
- Partenariats stratégiques : collaborer avec des agences spatiales internationales (NASA, ESA, etc.) et des acteurs locaux pour le transfert de compétences et de technologies
- Développement de politiques publiques, c’est-à-dire, mettre en place des cadres légaux (voter des lois en faveur du développement du secteur spatial, réduire les taxes sur le matériel de fabrication et de maintenance des satellites) et des investissements pour soutenir l’innovation spatiale.
- Promotion des applications locales, à savoir, utiliser les données satellitaires pour des problématiques locales comme la gestion des ressources en eau, l’agriculture de précision (avec les drones par exemple) ou l’urbanisation
AIP. L’industrie spatiale agit véritablement dans quels domaines pour améliorer notre quotidien?
L’industrie spatiale a quatre segments principaux que sont:
- L’observation de la Terre : cela permet de surveiller les changements climatiques, les catastrophes naturelles (inondations, sécheresses) et d’optimiser les rendements agricoles. Exemple : utilisation d’images satellites pour prévenir la déforestation ou surveiller la faune rare en Côte d’Ivoire.
- La navigation et le positionnement : les systèmes comme le GPS sont indispensables pour le transport terrestre ou maritime, la logistique et la gestion des infrastructures urbaines. Exemple : l’application Yango de transport qui intègre la localisation et/ou détecter les navires pirates dans les eaux.
- La communication par satellite : elle est essentielle pour connecter les zones reculées où les réseaux terrestres sont absents, permettant un accès à l’éducation et aux soins médicaux à distance. Exemple : constellations de satellites StarLink pour communiquer
- L’astronomie et les expériences scientifiques : ces recherches améliorent notre compréhension de l’univers tout en développant des technologies réutilisables dans d’autres secteurs (ex. : médecine : IRM , énergie).
AIP. Pourquoi organiser le Marché Africain des Solutions Spatiales (MASS)?
Ce forum international vise à Rassembler les acteurs en leur offrant une plateforme où les décideurs politiques, entreprises et chercheurs peuvent collaborer,
- Valoriser les solutions spatiales africaines, c’est-à-dire, montrer comment le spatial peut répondre aux besoins locaux des Etats Africains
- Inspirer la jeunesse : éveiller l’intérêt des élèves et étudiants pour des carrières dans le spatial, la technologie
- Attirer des investissements : promouvoir les opportunités dans l’industrie spatiale en Afrique.
Les pays africains anglophones sont un peu plus en avance que les francophones. Aussi, cet évènement organisé à Abidjan permettra non seulement de positionner le pays, mais également d’intéresser les entreprises et les jeunes à ce secteur très prometteur en plein boom.
A ce forum, il y aura des exposition stands, des panels, des rencontres B to B, des signatures de conventions, un diner gala…
AIP. A combien de visiteurs vous vous attendez et combien d’exposants prévoyez vous ?
Nous nous attendons à 20 000 visiteurs sur trois jours, incluant professionnels, étudiants et grand public.
Au niveau des exposants, nous prévoyons au moins 500, incluant des pavillons pays, des agences spatiales, des startups technologiques, des institutions de recherche et des entreprises privées.
AIP. Que gagneront les visiteurs et pourquoi devraient ils s’intéresser au MASS qui se tiendra du 06 au 8 mai 2025 ?
Le citoyen lambda découvrira comment les technologies spatiales influencent sa vie quotidienne et permet de mieux comprendre les enjeux environnementaux et économiques liés au spatial.
Les élèves/étudiants pourront accéder à des interventions inspirantes, des démonstrations technologiques et des opportunités de carrière dans des secteurs innovants. Cette démarche vise à préparer les générations futures aux métiers du spatial. Les emplois dans ce domaine sont multiformes.
Pour les entreprises, cela leur permettra d’identifier des solutions pour améliorer leur productivité, nouer des partenariats stratégiques et explorer de nouveaux marchés grâce aux applications spatiales. Pour ce faire, les pays invités, à savoir, l’Afrique du Sud et les Emirats Arabes Unis viendront partager leur modèle de développement par le spatial.
(AIP)
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