Man, 28 jan 2025 (AIP) – La 72ème journée mondiale de lutte contre la lèpre, célébrée dimanche 26 janvier 2025 à Zouan-Hounien sur le thème « Unir nos forces contre la lèpre et les autres maladies tropicales négligées », a été marquée par un appel des autorités à l’unité autour des malades et à l’espoir de vaincre la pathologie d’ici 2030.
Dans un entretien accordé à l’AIP, Koffi Daniel, infirmier spécialiste de la dermatologie et des maladies tropicales négligées à l’hôpital de Zouan-Hounien a présenté la situation sanitaire au niveau de la région du Tonkpi et la prise en charge des malades de la lèpre.
- Qu’est-ce que la lèpre et comment se transmet-elle ?
La lèpre est une maladie infectieuse transmise par une microbactérie du genre bacille de la tuberculose, de l’ulcère de Buruli. Il s’agit du microbacterie leprae ou bacille de Hansen. Concernant la contagion, il faut noter que ce ne sont pas tous les cas qui sont contagieux. Il y a deux catégories de malades : ceux qui ont plus de cinq taches qui sont contagieux, et ceux qui ont une à cinq taches, qui ne le sont pas. La maladie se transmet par les gouttelettes salivaires, les objets souillés par la salive et par les plaies des malades.
- Quelles sont les conséquences au niveau de l’organisme ?
Cette maladie est invalidante si le malade n’est pas diagnostiqué tôt et mis sous traitement. Si le malade traîne la maladie et ne se rend pas à l’hôpital, il développe des complications telles que des griffes digitales (doigts courbés et paralysés), perte de sensibilité aux paumes et aux pieds, et réactions lépreuses (fièvre, perte de vue, douleurs articulaires). Ces complications peuvent être mortelles.
- Existe-t-il un traitement efficace contre cette maladie ?
Oui, la lèpre se soigne parfaitement en Côte d’Ivoire, avec un traitement gratuit et disponible 24h/24.
- Quelle est la situation de la maladie dans votre zone sanitaire ?
Dans la région du Tonkpi, les départements de Zouan-Hounien et de Man enregistrent les cas les plus nombreux de lèpre en Côte d’Ivoire. La maladie est endémique dans toutes les zones et chaque dépistage permet de découvrir de nouveaux cas. À Banneu, Gnanleu, Téapleu, entre autres, la contamination est particulièrement élevée. Il est donc essentiel de mettre en place un dépistage massif dans ces régions.
- Comment se fait la prise en charge des malades à l’hôpital de Zouan-Hounien ?
Dès qu’un patient arrive à notre service et que nous identifions un cas de lèpre, nous entamons immédiatement la prise en charge, qui est essentiellement médicamenteuse. Si le patient présente déjà des complications, il est pris en charge dans notre centre de référence. Le traitement comprend deux volets : soigner la lèpre proprement dite et traiter les réactions lépreuses avec la corticothérapie. Nous disposons d’un pavillon d’hospitalisation pour garantir une prise en charge complète.
- Quel appel adressez-vous aux populations ?
Les maladies tropicales négligées, bien que souvent ignorées, sont bien réelles et affectent de nombreuses personnes dans la communauté. Nous appelons les autorités politiques et administratives à soutenir davantage les efforts de dépistage. Beaucoup de malades ne viennent pas à l’hôpital, car les symptômes de la lèpre sont souvent discrets au début. Il est crucial que nous allions vers les populations, en particulier dans les zones les plus touchées, et que nous recevions plus de soutien pour cette démarche, car malgré les campagnes de sensibilisation, les populations locales ne se montrent pas toujours réceptives.
Entretien réalisé par Delphin EHUI
Bureau régional AIP Man