Abidjan, 11 fév 2025 (AIP) – Le président roumain Klaus Iohannis a annoncé, lundi 10 février, sa démission suite à la pression croissante des groupes d’opposition populistes, deux mois après l’annulation de l’élection présidentielle en raison d’allégations d’ingérence russe. Il quittera officiellement ses fonctions le 12 février, ouvrant une période d’incertitude politique inédite dans le pays.
Une crise politique sans précédent
Le mandat de Klaus Iohannis, qui aurait dû prendre fin le 21 décembre dernier, avait été prolongé de facto après l’annulation du scrutin présidentiel du 6 décembre par la Cour constitutionnelle. Cette décision, rare au sein de l’Union européenne, faisait suite à des accusations de manipulation du vote et d’ingérence étrangère, notamment via les réseaux sociaux.
Face à cette situation, l’opposition populiste, menée par le parti ultranationaliste Alliance pour l’Unité des Roumains (AUR), avait enclenché une procédure de destitution. Klaus Iohannis avait d’abord refusé de céder, dénonçant une “démarche infondée et nuisible”, avant de finalement annoncer sa démission afin d’éviter une “crise institutionnelle durable”.
Des élections anticipées en mai
Le gouvernement roumain a fixé les nouvelles dates pour l’élection présidentielle : le premier tour se tiendra le 4 mai et, si nécessaire, un second tour sera organisé le 18 mai. Il reste incertain si Călin Georgescu, candidat d’extrême droite et vainqueur du premier tour annulé, pourra se présenter à nouveau. L’extrême droite, qui s’est félicitée du départ du président sortant, revendique déjà une “victoire du peuple”.
En attendant le scrutin, l’intérim sera assuré par Ilie Bolojan, actuel président du Sénat et chef du Parti national libéral.
Une démission aux répercussions internationales
Le départ de Klaus Iohannis, proeuropéen et libéral, intervient dans un contexte de tensions accrues entre l’Union européenne et la Russie. L’annulation du scrutin présidentiel et la montée en puissance des populistes en Roumanie suscitent l’inquiétude de Bruxelles et de l’OTAN, dont la Roumanie est membre depuis 2004.
Dans son discours de départ, Iohannis a averti des “conséquences durables et très négatives” de cette crise sur la stabilité du pays et son ancrage européen. “Aucun de nos partenaires ne comprendra pourquoi la Roumanie renvoie son président alors que le processus d’élection d’un nouveau chef de l’État a déjà commencé”, a-t-il déclaré.
Des affrontements ont éclaté à Bucarest après l’annonce de sa démission, opposant partisans de Georgescu et forces de l’ordre. La Commission européenne a d’ores et déjà annoncé l’ouverture d’une enquête sur d’éventuelles ingérences étrangères dans le processus électoral roumain.
(AIP)
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