Abidjan, 22 fév 2025 (AIP) -L’ancien Premier ministre de la Guinée Conakry, Cellou Dalein Diallo a mis en lumière les opportunités et les défis de l’ Intelligence artificielle (IA) pour le développement de l’Afrique, lors de la tenue du Forum international de leadership et de la prospective, initié par le Centre d’études prospectives (CEP), samedi 22 février 2025 au Sofitel hôtel ivoire à Abidjan-Cocody.
Intervenant sur le thème ” L’IA catalyseur de la transformation de l’Afrique au 21è siècle”, Cellou Dalein Diallo a indiqué que l’IA a le potentiel de catalyser de nombreuses transformations sur le continent dans le domaine de l’agriculture, la santé, l’éducation ou le secteur des infrastructures et elle offre des solutions innovantes et efficaces.
L’IA, tout comme l’intelligence humaine est extensible à souhait et peut appréhender tous les domaines de connaissance possible. Les domaines dans lesquels l’IA pourrait être utilisée sont nombreux et variés, a-t-il déclaré.
Selon lui, au niveau de l’agriculture, grâce à l’analyse des données, il est possible d’optimiser les rendements agricoles, prédire les récoltes et minimiser les pertes post récoltes, transformer les pratiques agricoles en rendant les Etats africains et le continent moins dépendants des importations alimentaires.
Concernant le système de santé, l’IA peut améliorer les diagnostics médicaux, faciliter l’accès aux soins et personnaliser les traitements. “Grâce à des systèmes d’intelligence artificielle, nous pouvons détecter des épidémies plus rapidement et réduire la mortalité dans nos pays”, a-t-il fait remarquer.
L’homme politique guinéen a fait savoir qu’au niveau de l’éducation personnalisée, en utilisant l’IA, il est possible d’adapter l’enseignement aux besoins spécifiques de chaque apprenants et élève, rendant l’éducation plus accessible et plus inclusive.
Il s’est également intéressé à la résilience face au changement climatique. Pour lui, en analysant les données environnementales, l’IA peut aider à modéliser les impacts climatiques et à développer des stratégies d’adaptation, en particulier pour les communautés vulnérables.

La sécurité et la gestion des ressources ont été passées en revue par M. Diallo qui a affirmé que l’IA peut améliorer la gestion des ressources naturelles, optimiser la consommation d’énergie et renforcer la sécurité publique grâce à l’analyse des données et à la surveillance.
Quant au transport et logistique, les systèmes d’IA peuvent optimiser les réseaux de transport, réduire les coûts logistiques, améliorer l’accès au marché, ce qui est essentiel dans un continent où les infrastructures sont souvent limitées, a-t-il relevé.
Dans le cadre du soutien à la gouvernance, l’IA peut améliorer l’efficacité des services publics, la lutte contre la corruption, la définition et la mise en œuvre des politiques publiques pour accélérer le processus de notre développement.
“L’IA peut contribuer à former, outiller et à responsabiliser davantage nos citoyens à partir de leur encrage. nous voulons utiliser l’IA dans la promotion de la créativité et de la culture. Elle peut jouer un rôle dans la promotion des industries créatives en offrant de nouvelles plateformes et en aidant à la création des contenus adaptés au préférences locales”, a-t-il ajouté.
Pour le leader politique, il y a des défis à relever, notamment le fait d’être dominé par des technologies que l’Afrique ne maitrise pas pour l’instant et qui comportent des opportunités mais également des risques.
“Nous devons d’abord maitriser l’utilisation de l’IA pour éviter d’être dépendants des solutions qui ne sont pas adaptées à nos réalités et qui nous sont imposées parfois par des multinationales ou des Etats qui ne cherchent qu’à privilégier ou à protéger leurs intérêts”, a-t-il prévenu.
Selon lui l’un des défis réside dans l’absence d’un cadre règlementaire et spécifique, juridique capable de protéger les intérêts africains. “Si nous n’avons pas de règles, lois, pas une législation qui protège les plus faibles, l’IA peut être un instrument d’exploitation, d’asservissement pour les populations et une source de retard pour nos économies”, a-t-il souligné.
Cellou Diallo a reconnu que l’IA peut perpétuer ou amplifier des biais présents dans les données sur lesquelles elle est formée, étant donné que ces données proviennent souvent des contextes non africains. “Il existe un risque que les solutions d’IA soient inappropriées ou discriminatoires envers certaines populations locales, cela soulève des questions sur la justice sociale et l’équité dans l’accès aux technologies”, a-t-il soutenu.
“L’IA pose des menaces pour les emplois existants. Si l’IA est bien utilisée est peut être créatrice d’emplois que de destructrice d’emplois. Il faudrait que les Etats Africains veillent à cela. Car l’autonomisation pourrait entrainer la perte d’emplois dans certains secteurs, exacerbant ainsi les inégalités économiques”, a-t-il fait observer.
Pour relever tous ces défis, a-t-il poursuivi, il est essentiel que les pays africains développent une stratégie collective autour de l’IA qui inclue une règlementation appropriée, une sensibilisation aux enjeux éthiques, un engagement à promouvoir une IA qui soit inclusive, respectueuse des valeurs que nous partageons tous et que nous devons protéger.
L’objectif de ce Forum international de leadership et de la prospective visait à jeter les bases d’une réflexion continue sur les enjeux de l’IA qui pourra nourrir les politiques publiques inclusives et un cadre réglementaire adapté, permettant à l’Afrique de participer activement à la révolution de l’IA tout en préservant son identité culturelle.
(AIP)
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