Abidjan, 24 fév 2025 (AIP) – L’Union chrétienne-démocrate (CDU) et son allié bavarois de la CSU ont remporté les élections législatives anticipées de dimanche 23 février 2025 avec 28,6 % des voix, marquant un retour en force des conservateurs en Allemagne.
Friedrich Merz, leader de la CDU, apparaît comme le favori pour succéder au chancelier sortant Olaf Scholz (SPD), dont le parti a subi un revers historique en tombant à 16,4 % des suffrages.
Toutefois, la formation d’un gouvernement s’annonce complexe. Si la droite traditionnelle a dominé le scrutin, l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a réalisé une percée sans précédent avec 20,8 % des voix. Ce résultat place Merz face à un défi de taille : composer une coalition majoritaire sans franchir le tabou d’une alliance avec l’AfD, un sujet qui a déjà provoqué des tensions au sein de la CDU.
Âgé de 69 ans, Friedrich Merz a connu une carrière politique marquée par sa rivalité avec Angela Merkel, qui l’avait évincé de la présidence du groupe parlementaire en 2002. Après un passage dans le monde des affaires, notamment chez le gestionnaire d’actifs américain BlackRock, il est revenu sur le devant de la scène en 2021 en prenant la tête de la CDU.
Défenseur d’une politique économique libérale, il prône des baisses d’impôts pour les entreprises et une relance économique fondée sur l’investissement privé. Sa proximité avec le monde financier suscite néanmoins des critiques, certains observateurs dénonçant des conflits d’intérêts potentiels.
Ancien député européen, Friedrich Merz se positionne comme un partisan de l’Union européenne et un allié de la France sur les questions de souveraineté européenne. Il défend un rôle renforcé de l’Allemagne au sein des Vingt-Sept et plaide pour une politique étrangère plus affirmée face aux défis géopolitiques, notamment face à la Russie.
Il s’est d’ailleurs illustré par son soutien indéfectible à l’Ukraine, appelant à une augmentation des livraisons d’armes, y compris les missiles Taurus, et critiquant la prudence du gouvernement Scholz à ce sujet.
Durant la campagne, Friedrich Merz a adopté une position très ferme sur l’immigration, prônant des contrôles aux frontières renforcés, des expulsions accélérées et un durcissement des conditions d’accès à la citoyenneté. Ses déclarations passées sur les réfugiés, notamment sur le “tourisme social” des Ukrainiens, lui ont valu des controverses.
Conservateur sur le plan sociétal, il s’est opposé à la légalisation du cannabis, à la parité dans les institutions et à certaines avancées sur les droits des minorités. Ses prises de position sur les droits LGBTQ+ ont également suscité des critiques par le passé.
Malgré sa victoire, Friedrich Merz devra composer avec un paysage politique fragmenté. La CDU/CSU doit trouver des partenaires pour gouverner et s’assurer une majorité stable au Bundestag. Son flirt récent avec l’AfD, notamment lors de votes conjoints sur l’immigration, a déclenché une vive polémique et provoqué des manifestations de masse en Allemagne.
Alors que les tractations commencent, l’avenir politique de Friedrich Merz dépendra de sa capacité à rassembler sans diviser. Une équation délicate, qui déterminera s’il pourra réellement accéder à la chancellerie.
(AIP)
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