Séguéla, 08 mars 2025 (AIP) – Le préfet de la région du Worodougou, préfet du département de Séguéla, Abdul Karim Diarrassouba, a assuré de la mise en place de projets de développement communautaire en contrepartie des sacrifices consentis par les populations pour l’installation de la mine d’or de Séguéla.
Dans une interview à l’AIP, mardi 27 février 2025 à Séguéla, M. Diarrassouba a parlé du dispositif administratif créé à cet effet appelé Comité de développement local minier (CDLM) qu’il préside. Il a donné des détails sur les projets identifiés pour l’amélioration des conditions de vie des populations des villages riverains.
Vous avez dirigé ce matin une réunion du CDLM. Justement, que vise une telle rencontre ?

Il faut d’abord expliquer ce qu’est le CDLM ! Le CDLM est un dispositif administratif qui permet aux populations, aux communautés riveraines du site d’exploitation minière, d’être impliquées dans la gestion des activités de la société Roxgold. Le CDLM est présidé par le préfet, les membres sont composés des représentants des communautés riveraines, ainsi que du représentant de la société Roxgold. Ce dispositif administratif nous permet de travailler sur toutes les actions de développement qui peuvent être mises en place au profit de nos populations.
Le CDLM existe, nous avons pu élaborer un plan d’action de développement et, à chaque fois, nous nous rencontrons pour faire le point de la situation et envisager les perspectives. La réunion de ce matin s’inscrivait naturellement dans cette démarche.
Les populations ont-elles fait des propositions de projets ?
Le plan d’action est arrêté. Des projets ont été élaborés. Je n’ai peut-être pas le document sous les yeux, mais je peux vous dire que nous prévoyons la réalisation de plusieurs projets. Je pourrais citer par exemple, la construction d’un collège de base 4 à Tiéma, d’un dispensaire à Bangana, et la réhabilitation des voies d’accès à ces localités. Tous les projets mis en place visent à améliorer les conditions de vie de ces populations. Comme elles sont riveraines de l’activité minière qui génère beaucoup de fonds, il est évident qu’il faut absolument mettre en place des projets de développement communautaire en contrepartie des sacrifices consentis par les populations. C’est tout le sens de la mise en place du CDLM.
Les populations des villages que nous avons sillonnés se plaignent de ne voir aucun projet du CDLM depuis son installation

Tout à fait ! D’ailleurs, c’est ce que je disais ce matin. Il est compréhensible que les populations s’impatientent, hein ! Parce que c’est un processus. La procédure est un peu tatillonne, car il s’agit d’un budget, et tout budget doit être approuvé avant d’être exécuté. Nous avons travaillé à la mise en place du budget, qui a ensuite été transmis au ministère en charge des mines. Le ministre en charge des mines doit l’approuver. Une fois cela fait, nous identifierons toutes les entreprises locales capables de réaliser ces projets par le biais d’un appel d’offres. C’est alors que les actions concrètes pourront commencer sur le terrain.
J’ai expliqué aux populations qu’elles ont légitimement le droit de s’impatienter, mais qu’elles doivent nous faire confiance, ainsi qu’à l’administration. Je leur ai également rappelé que les fonds disponibles en leur faveur s’élèvent à plus d’un milliard pour ces trois localités. Cependant, ces fonds ne sont pas destinés à des individus, mais aux communautés, à travers des projets de développement collectif.
Étant donné l’impatience des communautés, quel type de communication envisagez-vous de mettre en place pour les rassurer ?
Nous avons, ce matin, rassuré les populations. Je leur ai même indiqué que pour la prochaine réunion, nous délocaliserons la rencontre pour mieux communiquer avec les communautés. Nous irons au plus près des populations, pour tenir des réunions avec l’ensemble des communautés. Jusqu’à présent, ce sont les représentants des communautés qui viennent vers nous pour ces premières réunions. Donc, pour amplifier la communication et rassurer davantage les populations, j’ai indiqué que la prochaine réunion se tiendra au sein de chaque communauté, afin que la communication passe mieux et que les populations soient rassurées. Vous savez, il y a en plus des populations, les cadres et les mutuelles qui ne sont pas toujours présents. Chacun exprime son avis, il est donc nécessaire de bien communiquer.
On a l’impression que les mutuelles ne sont pas intégrées, alors qu’elles pensent qu’elles devraient l’être.
Vous savez, cela va au-delà même du CDLM de Séguéla. C’est une difficulté que nous rencontrons sur le terrain avec les mutuelles de développement. Ce sont des acteurs institutionnels du développement local, mais parfois, ces mutuelles se comportent un peu comme des sous-préfets bis qui veulent rester à Abidjan et tout régir, ce qui est compréhensible. Je leur ai toujours dit de venir à Séguéla et, si elles le souhaitent, de participer aux réunions du CDLM. Le président peut aussi leur accorder la possibilité de participer à ces réunions. Nous devons communiquer avec toutes les instances, aussi bien les mutuelles que les communautés villageoises et les cadres. Au niveau du CDLM de Séguéla, le représentant des populations, le député et le président du conseil régional, le ministre Bouaké, participent activement aux travaux du comité. C’est un ensemble d’instruments institutionnels et communautaires qui travaillent pour une meilleure communication autour de ce dispositif administratif.
Il y a trois villages impactés par les projets. Lorsque les projets sont élaborés, y a-t-il des grognes ? Si oui, comment gérez-vous cela ?

Nous avons laissé la latitude aux populations elles-mêmes, en assemblée, de nous dire leurs besoins. Cela a été fait par village. Nous avons également estimé qu’il fallait des projets communs aux trois localités, comme la construction d’un collège. La construction d’un collège se fait en fonction de la carte scolaire. Entre ces trois localités, c’est le village de Tiéma qui offre un bassin de recrutement d’élèves. C’est ainsi que nous avons décidé de construire le collège à Tiéma, qui est situé entre les deux autres villages. Cela avait posé quelques difficultés entre Kouégo et Tiéma, mais grâce à une bonne communication et des explications, ces incompréhensions ont été levées. Aujourd’hui, toutes les communautés se sont mises d’accord pour que le collège, qui est un projet communautaire d’envergure, soit construit à Tiéma. En revanche, les autres projets sont réservés à chaque village, et cela va se poursuivre.
On peut donc dire que le CDLM est un espoir pour les populations riveraines ?
Absolument ! D’ailleurs, on peut le dire, c’est l’une des rares zones minières où la cohabitation est très pacifique entre les communautés et la société minière. Personnellement, j’ai mis l’accent sur la communication. Pendant un an ou deux, nous avons pris soin d’expliquer tout ce dispositif, de montrer l’intérêt de ces instruments et de former les membres du comité pour qu’ils comprennent l’intérêt de collaborer dans ce cadre. Aujourd’hui, la situation est apaisée et la cohabitation est pacifique, car les populations ont compris où se trouve leur intérêt. Je peux vous assurer que tous les projets arrêtés au titre du budget 2023-2024 seront exécutés, notamment la construction du collège de Tiéma, du dispensaire à Bangana et d’un autre projet à Kouégo.
(AIP)
ik/fmo
Interview réalisé par Ibrahim Komara
Chef du bureau régional AIP Séguéla