Abidjan, 12 mars 2025 (AIP)- Chaque 1er mars, l’Afrique se réunit pour célébrer la Journée Africaine de l’Alimentation Scolaire (JAAS), soulignant ainsi le rôle transformateur des repas scolaires dans l’éducation, la nutrition et le développement socio-économique à travers le continent. Le thème de cette année, “Une décennie d’alimentation : célébrer le passé, assurer un avenir juste “, est une occasion de revenir sur les réalisations accomplies, d’aborder les défis persistants et de réaffirmer notre engagement à garantir à chaque enfant l’accès à un repas scolaire nutritif, fait remarquer le Centre d’excellence régional contre la maim et la malnutrition (CERFAM), dont une contribution a été transmise le mardi 12 mars 2025 à l’AIP.
L’alimentation scolaire: Une décennie de progrès
Au cours des dix dernières années, les programmes d’alimentation scolaire se sont imposés comme un levier essentiel pour l’inclusion éducative, la santé des enfants et la résilience des communautés. En reliant les cantines scolaires aux chaînes d’approvisionnement agricole locales, ces programmes ont non seulement favorisé la scolarisation et amélioré les performances académiques, mais ils ont aussi créé des opportunités de marché stables pour les petits producteurs, notamment en milieu rural.
Malgré un engagement croissant des pays africains en faveur des programmes d’alimentation scolaire basés sur la production locale, des défis importants subsistent pour élargir la couverture et atteindre les enfants les plus vulnérables. Actuellement, 65,9 millions d’enfants[1] à travers l’Afrique bénéficient de ces programmes, contre 38,4 millions en 2013. Toutefois, malgré ces avancées, des défis persistent.
Éducation et nutrition: Une combinaison gagnante
Le lien entre la nutrition et l’apprentissage est indéniable: un enfant bien nourri est plus concentré, apprend mieux et réussit davantage à l’école. Les repas scolaires contribuent à une augmentation de 9 % des inscriptions et à une amélioration de 8 % du taux de présence[2]. En Afrique de l’Ouest et du Centre, ces programmes constituent une réponse essentielle aux crises simultanées de l’éducation et de la nutrition.
En fournissant aux enfants des repas nutritifs à base de produits locaux, ces initiatives soutiennent un accès équitable à une éducation de qualité, en parfaite cohérence avec l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, qui vise à construire des systèmes éducatifs inclusifs et résilients à travers le continent.

Bénéfices économiques et sociaux: Autonomiser les communautés
Les bénéfices des programmes d’alimentation scolaire dépassent largement le cadre des écoles et des élèves. Ils sont également un moteur puissant du développement économique local. En Afrique, plus de 60 % des petits exploitants agricoles sont des femmes. En s’approvisionnant auprès de producteurs locaux, ces initiatives créent des opportunités de revenus durables pour les agricultrices, tout en renforçant la sécurité alimentaire des communautés.
En Afrique de l’Ouest et du Centre, plusieurs initiatives nationales illustrent l’impact de cette approche, notamment au Ghana, le programme d’alimentation scolaire soutient plus de 3,5 millions d’élèves, tout en renforçant les chaînes d’approvisionnement locales. Au Sénégal, l’intégration de produits locaux dans les cantines scolaires a amélioré la qualité nutritionnelle des repas tout en dynamisant les économies rurales. Au Bénin, l’adoption d’une Loi Nationale sur l’Alimentation Scolaire en 2023 a marqué un engagement durable en faveur des repas scolaires.
Par ailleurs, l’alimentation scolaire joue un rôle crucial dans la promotion de l’égalité des genres. Dans de nombreuses communautés, les contraintes financières, les tâches domestiques et les mariages précoces empêchent les filles de poursuivre leur scolarité. Un repas garanti à l’école constitue un incitatif fort pour les familles à maintenir leurs filles en classe, contribuant ainsi à briser les cycles de pauvreté et à créer de nouvelles opportunités pour elles.
CERFAM: Faire progresser l’alimentation scolaire en Afrique
Le CERFAM, placé sous l’autorité de la Vice-Présidence de la République de Côte d’Ivoire, joue un rôle clé dans la promotion et la diffusion des bonnes pratiques en matière d’alimentation scolaire sur le continent. En tant que pôle régional de partage des connaissances, le Centre accompagne les pays africains.
Il facilite la coopération Sud-Sud et triangulaire, permettant des échanges entre pairs, où les pays africains partagent leurs expériences et bonnes pratiques en matière de modèles d’alimentation scolaire basés sur la production locale.
Il mobilise un appui politique et technique, en aidant les gouvernements à élaborer, affiner et mettre en œuvre des politiques nationales d’alimentation scolaire, à l’image de la Loi Nationale sur l’Alimentation Scolaire du Bénin en 2023.
Il renforce les approches fondées sur des données probantes, en documentant les bonnes pratiques et en promouvant les communautés de pratique pour améliorer la conception et l’évaluation des programmes d’alimentation scolaire.
Il mobilise les partenariats et plaidoyers, en réunissant gouvernements, partenaires financiers et techniques, acteurs du secteur privé et société civile pour bâtir des systèmes d’alimentation scolaire plus solides et durables, au service de l’éducation, de la santé et du développement économique.

Appel à l’Action: Investir dans la prochaine décennie de l’alimentation scolaire
Alors que nous célébrons une décennie de progrès, la Journée Africaine de l’Alimentation Scolaire 2025 représente un appel à un investissement accru pour pérenniser et étendre ces programmes.
Pour les gouvernements, il s’agit de renforcer les cadres juridiques et financiers, afin de garantir que les initiatives de repas scolaires soient soutenues par l’État, correctement financées et rigoureusement suivies.
Pour la société civile et communautés locales, il s’agit de plaider pour des politiques qui font de l’alimentation scolaire un droit fondamental, tout en assurant l’implication des communautés dans la mise en œuvre des programmes.
En ce qui concerne les bailleurs de fonds et partenaires au développement, il s’agira d’augmenter de manière significative les financements, en particulier pour des modèles qui renforcent l’agriculture locale, et faciliter le partage d’expertise technique via des pôles régionaux comme le CERFAM.
Au niveau du secteur privé, il faut développer des modèles de financement innovants, investir dans la production et les chaînes d’approvisionnement alimentaires locales, et établir des partenariats qui améliorent l’efficacité et la durabilité des programmes de repas scolaires.
Avec un engagement collectif, nous pouvons construire un avenir où aucun enfant ne va à l’école le ventre vide, où chaque élève bénéficie d’un repas nutritif, et où l’alimentation scolaire demeure un pilier du développement durable en Afrique.
Le moment est venu de s’engager pour une décennie de nutrition, d’éducation et de prospérité pour les générations futures, conclut le document.
(AIP)
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