Abidjan, 18 avr 2025 (AIP) – Le gouvernement ivoirien a relancé, jeudi 17 avril 2025 à Abidjan, l’opération “Zéro enfant mendiant”, une vaste campagne de lutte contre la mendicité infantile.
Menée sous l’égide du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE), cette initiative vise à protéger les mineurs exposés à l’exploitation, à les retirer des rues et à améliorer la sécurité et la salubrité dans la capitale économique.
« La place des enfants n’est pas dans les rues », a déclaré la ministre Nassénéba Touré, soulignant la volonté ferme de l’État de mettre fin à un phénomène devenu “intolérable”. Pour elle, cette action traduit le devoir des autorités de garantir une protection effective à tous les enfants vivant sur le territoire ivoirien.

À l’issue de la première journée d’opération, 109 personnes ont été interpellées, dont 74 enfants âgés de zéro à 10 ans. Parmi eux, 44 enfants de moins de cinq ans et 30 entre cinq et 10 ans. Les 35 adultes arrêtés – 29 femmes et six hommes – font actuellement l’objet d’enquêtes afin de déterminer leur degré de responsabilité dans cette exploitation.
« Ce sont des bébés qu’on expose à tous les dangers, à l’insécurité, à la malnutrition, à la violence », a déploré Krah Sylvain, directeur-coordonnateur du programme de protection des enfants et adolescents vulnérables.
Les personnes interpellées ont été conduites au Bureau d’écoute et d’orientation de Port-Bouët Centre, un espace dédié à la prise en charge, à la rééducation et à la resocialisation des enfants en situation de rue.
Selon la ministre, la grande majorité des enfants secourus et de leurs accompagnateurs sont d’origine étrangère, reflet indirect, selon elle, du dynamisme économique et de la stabilité sociale de la Côte d’Ivoire. Toutefois, elle a insisté sur la nécessité de prioriser les enfants ivoiriens dans les politiques publiques.
« Nous ne pouvons pas privilégier d’autres enfants par rapport aux enfants ivoiriens, pour lesquels le contribuable paye. Pour nos enfants, nous prendrons en charge. Pour les autres, nous appliquerons des protocoles de rapatriement en collaboration avec les ambassades concernées », a précisé Mme Touré.
Au-delà de la répression, le gouvernement entend s’attaquer aux causes profondes du phénomène, notamment la pauvreté. « Pour les familles ivoiriennes en situation de précarité, nous avons des programmes d’insertion. Si c’est une question de pauvreté, nous apporterons les solutions nécessaires. Mais la mendicité n’est pas une option », a ajouté Krah Sylvain.
L’opération se poursuivra jusqu’au lundi 21 avril et sera progressivement étendue à d’autres communes d’Abidjan. Elle marque une étape clé dans la volonté de l’État de mener une lutte sans concession contre l’exploitation des enfants.
(AIP)
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