Abidjan, 25 avr 2025 (AIP) – L’expert en aquaculture du programme FISH4ACP de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Côte d’Ivoire, Pierre-Philippe Blanc, a partagé la vision de l’agence onusienne en matière de développement aquacole avec des étudiants et des opérateurs du secteur, jeudi 24 avril 2025 à l’occasion d’une masterclass tenue dans le cadre du Selab Fisheries Expo 2025 au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire.
L’expert a souligné qu’en réponse à l’épuisement progressif des stocks de poissons sauvages et à la demande croissante en protéines animales, l’aquaculture s’impose comme une alternative durable et stratégique. Elle représente, selon lui, une opportunité unique de renforcer la sécurité alimentaire et de générer des emplois.
Il a précisé que depuis plus de cinq ans à l’échelle mondiale, la production aquacole dépasse celle issue de la pêche. « À l’échelle mondiale, 57 % des poissons consommés proviennent de l’aquaculture, contre 43 % issus de la pêche. Cette tendance est appelée à s’accentuer, car dans les années à venir, l’aquaculture jouera un rôle encore plus central dans l’alimentation des populations », a-t-il indiqué.
M. Blanc a toutefois noté que la production aquacole demeure encore faible en Afrique, en dépit des efforts déployés dans certains pays. « En Afrique, la part de l’aquaculture dans la couverture des besoins varie entre 5 %, 10 % et 15 %. Il reste donc une marge de progression significative. Cette transformation doit être soutenue par les États et érigée en priorité, car les ressources halieutiques des océans deviennent progressivement insuffisantes », a-t-il préconisé.
En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, il a indiqué que sur une consommation annuelle d’environ 600 000 tonnes de poisson par an, seulement entre 8 000 et 10 000 tonnes proviennent de l’aquaculture locale.
Pour combler ce déficit, l’expert a expliqué que le pays dépense plusieurs milliards de Francs CFA pour importer du poisson, notamment plus de 50 000 tonnes de tilapia provenant de l’aquaculture chinoise soit près de cinq fois la production locale. Il a appelé à une synergie d’actions afin d’accroître la production aquacole nationale.

« Il faut envisager une planification rigoureuse. Dès que la production d’aliments pour poissons sera suffisante, celle des alevins suivra. À ce jour, la demande locale n’est pas encore assez forte pour encourager des productions locales soutenues. D’où l’importance d’un appui politique pour structurer et développer la filière », a-t-il suggéré.
Cette masterclass a permis aux participants de mieux appréhender les enjeux et les perspectives de l’aquaculture durable, tout en les informant sur les stratégies de développement du secteur dans les années à venir.
Dans le cadre de la valorisation de la filière aquacole en Côte d’Ivoire, la consultante pour le programme FISH4ACP, Naffi Touré, a annoncé la tenue d’un Forum de la finance aquacole les 9 et 10 juillet. Cet événement visera à mettre en relation les acteurs du secteur financier et les aquaculteurs, afin de faciliter l’accès aux financements et d’accompagner le développement de la filière.
(AIP)
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