Abidjan, 14 mai 2025 (AIP) – Le gouvernement malien, au terme d’une session extraordinaire du Conseil des ministres, mardi 13 mai 2025 sous la présidence du Général d’armée Assimi Goïta, a adopté un décret portant dissolution de l’ensemble des partis politiques et organisations à caractère politique sur toute l’étendue du territoire national.
Le projet de décret, présenté par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la Refondation (ANR), révèle communiqué lu par le secrétaire général du gouvernement, Birama Coulibaly, ajoutant qu’il est également mentionné l’interdiction de toute activité politique ou assimilée menée par les formations dissoutes, y compris les réunions, l’occupation de locaux à des fins politiques ou encore la création de nouvelles structures à caractère partisan.
Cette décision historique intervient après des concertations tenues par le ministère délégué chargé des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral, qui ont abouti à des recommandations, au nombre desquelles la dissolution et la réorganisation du paysage politique par une nouvelle législation, la suppression du financement public des partis, l’abrogation du statut du chef de file de l’opposition et la relecture de la Charte de la transition afin d’ouvrir la voie à un mandat de cinq ans renouvelable pour le président de la Transition, à l’instar des autres chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Bien que les autorités assurent que la décision ne remet pas en cause le multipartisme ni les principes démocratiques, les premières réactions politiques laissent transparaître une vive inquiétude, notamment le leader du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), Tiébilé Dramé, qui a dénoncé une « dérive autoritaire inacceptable ». « C’est un recul démocratique sans précédent. Dissoudre tous les partis, c’est réduire au silence toute expression politique légitime », a-t-il déclaré.
Pour la militante pour la gouvernance démocratique, Sy Kadiatou Sow, « cette mesure consacre la mise sous tutelle totale de la vie politique malienne. Elle compromet tout retour à un ordre constitutionnel crédible. »
De son côté, un membre influent du Conseil national de transition (CNT), sous couvert d’anonymat, estime que « cette dissolution est une réponse radicale mais nécessaire à la fragmentation extrême du paysage politique, qui comptait plus de 200 partis souvent sans véritable assise populaire. »
La décision du 13 mai intervient dans un contexte marqué par le renforcement du pouvoir exécutif au sein de l’Alliance des États du Sahel, regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger et l’éloignement du calendrier électoral initial.
En attendant une nouvelle loi sur les partis politiques, le paysage institutionnel malien entre dans une phase d’incertitude, avec des partenaires internationaux qui observent, inquiets, l’évolution de la transition.
(AIP)
kp