Abidjan, 16 mai 2025 (AIP)- Le très Révérend Pasteur Séraphin Anoh Moudé est le nouveau Bishop de l’Eglise méthodiste de Côte d’Ivoire. Il a été élu le 15 mars 2025 au cours d’une conférence extraordinaire à Abidjan pour un mandat unique de huit ans. Focus sur ancien diplômé de l’ENS d’Abidjan qui se voit aujourd’hui propulsé au sommet de cette Eglise centenaire depuis 2014. Portrait.
Consacré pasteur le 30 novembre 2003, il devient ainsi le 6ème président de l’Église méthodiste de Côte d’Ivoire après Samson Nangui (1963-1973), Auguste Ackah (1976-1982), Emmanuel Yando (1982-1990), Lambert N’cho (1990-1998) et Benjamin Boni (1998-2025).
Le Très Révérend Pasteur Séraphin Moudé était jusque-là, le surintendant du district de Yopougon. À ce titre, il siégeait au Cabinet de son prédécesseur, le Bishop Benjamin Boni, dont il était le plus jeune collaborateur. Né le 14 mai 1963 à Adjamé-village, il est issu d’une fratrie de 13 membres. Face à ses quatre frères, le jeune Séraphin était plus proche de ses huit sœurs.
« J’étais très attaché à mes sœurs, ce qui me rendait très timide et assez sensible », explique-t-il son caractère introspectif, très attentionné et peu bavard. Pour cela, cet ancien « Caïman » (surnom des élèves du Lycée classique d’Abidjan, où il décrochera son Bac en 1987), s’était vite fait coller l’étiquette de pasteur. D’ailleurs, lorsqu’il se convainquit plus tard de son appel à la vocation, sa génitrice était l’une des plus septiques.
« Est-ce que tu peux assurer la fonction de pasteur, toi qui ne parles pas, qui peux passer toute une journée sans parler ? », lui demandait-elle.
Une vocation pastorale qui le saisit par les cols
« Je n’ai jamais voulu être là où je suis aujourd’hui, à savoir être pasteur », confesse-t-il. Ancien étudiant du département des mathématiques à l’École normale supérieure (ENS) d’Abidjan, il était d’office promis à une carrière d’enseignant. Ou même de Chercheur en sciences sociales ou de Consultant en politiques éducatives, puisqu’il étudiera aussi la Sociologie à l’Université d’Abidjan-Cocody, de 2007 à 2008. Mais comme il le conclura lui-même, citant le célèbre chantre Noël Colombier : « Dieu écrit droit avec des courbes et nous mène où il veut par des chemins sinueux. »

Tout commence en 1986. Séraphin vient de faire échec au baccalauréat au lycée moderne 1 de Dabou. Il est alors membre du Groupe des jeunes du temple Eben-Ezer d’Adjamé. Avec l’un de ses amis, Christophe Aké, il demande à être muté au lycée classique pour y reprendre le Bac.
« C’est dans l’attente de la suite à notre demande que mon ami m’a proposé de passer un moment dans la prière », rapporte-t-il.
Or, voilà que Dieu va utiliser un enfant de 15 ans avec qui ils partagent ce temps de prière, pour lui révéler son appel.
« Tu vas travailler pour Dieu, tu vas travailler pour Dieu », insiste en sa direction, le jeune prophète.
Et pourtant, « tout cela n’était à mes yeux que du théâtre », s’était-il dit, à cette époque. Aussi n’a-t-il plus accepté de poursuivre ces séances de prières. Car pour lui, c’était trop contraignant d’être au service de Dieu à temps plein. Et puis, cette décision relevait d’une conviction personnelle.
Mais le temps se fera l’autre nom de Dieu, ou à tout le moins, l’autre canal pour Dieu. Dans cette période de raisonnement, Dieu lui- même s’adressa à lui à travers les Saintes Écritures, dans le livre de Marc 8 : 35-38 : qui disent ‘’Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges’’ ».
Séraphin sera saisi d’un revirement. « Je compris tout de suite que Dieu seul est le juge et que nous dépendons tout entier de lui. C’est lui qui dispose de notre vie et qui peut à tout moment décider de ce que nous devons faire ou être », affirme-t-il avec conviction.
Dès cet instant, une transformation se produit en ce jeune homme. « Une flamme, qui certainement et par sa grâce, ne s’éteindra plus jamais, s’est allumée en moi. Je n’avais plus le choix. J’ai donc cette fois-ci fait face à Dieu dans la prière et ai accepté de le servir. »
La rançon de la soumission au plan de Dieu
Le jeune Séraphin sera désormais enclin au service de Dieu. Sur ces entrefaites, sa demande d’intégration au lycée classique est validée. En fin d’année scolaire 1986-1987, alors qu’il s’était voué au ministère de moniteur d’École du dimanche dans sa communauté, il décroche le Bac et se voit orienté à l’ENS. Au bout de deux ans, son appel ministériel prend le pas sur ses études supérieures en Mathématiques. De 1992 à 1997, en tant que catéchiste au sein de l’Église méthodiste de Côte d’Ivoire, il dessert les secteurs Niangon-Lokoa et Locodjro, dans le district de Yopougon.

De là-bas, il s’envole pour le Cameroun où trois ans après, il décroche une Licence, puis une Maîtrise de théologie, à la Faculté de théologie de Yaoundé. Rentré en Côte d’Ivoire en 2000, il est envoyé comme stagiaire dans le secteur de Maféré, dans le district d’Aboisso, avec résidence à Krindjabo. En 2002, le jeune Atchan est affecté en tant que pasteur associé dans le Secteur de Port-Bouët, district Abidjan Sud. Il est consacré le 30 novembre 2003.
Cinq ans après, il est muté à Abengourou. Il est d’abord nommé pasteur principal, puis surintendant du district missionnaire. Son brillant travail abouti à rehausser le statut de ce district, qui passe de missionnaire à ordinaire. De la capitale de l’Indénié-Djuablin, le Surintendant Moudé sera appelé dans la capitale ivoirienne où il va tenir la tête du district de Yopougon jusqu’à son élection comme président de l’Église méthodiste de Côte d’Ivoire.
Son leadership «transformationnel », associé à sa qualité de bâtisseur, ainsi que son grand sens de l’organisation et de la générosité, avaient été publiquement salués par l’ONG Les Amis d’Israël. Elle l’a distingué lors de la 19è journée internationale des pasteurs, le 6 avril 2024 à l’Hôtel Belle-Côte, à Abidjan. Il était en compagnie d’une quinzaine de pasteurs des églises protestantes et évangéliques de Côte d’Ivoire.
Un bon témoignage de vie de sanctification
Son épouse Marie est, comme lui, native d’Adjamé village. Avec cette choriste, il partage plus de 30 ans de vie commune avec en prime un enfant. Mais le berger est connu pour être un père pour tous les enfants qui le côtoient. Et la famille Moudé jouit d’un bon témoignage en termes de sanctification.
Le nouveau président de l’Église est aussi un grand amateur de lecture, de sport et, sans surprise, de musique chrétienne.
(AIP)
fmo