Abidjan, 23 mai 2025 (AIP) – Une rencontre régionale de partage d’expériences en matière de prévention et de prise en charge de la fistule obstétricale, tenue jeudi 22 mai 2025 à Abidjan-Cocody, a mis en lumière les progrès significatifs de la Côte d’Ivoire dans l’élimination de cette pathologie, considérée comme un problème majeur de santé publique.
Ce progrès est attribuable à la mise en œuvre d’une approche holistique de prise en charge médicale, psychologique et socio-économique, déployée conjointement par les autorités gouvernementales, la société civile et les partenaires au développement.
Présidant cette rencontre de coopération Sud-Sud, la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE), Nassénéba Touré, a souligné que cette dynamique s’inscrit dans le cadre de la campagne régionale pour l’élimination de la fistule obstétricale en Côte d’Ivoire à l’horizon 2030, lancée dix jours plus tôt. Elle a rappelé que les taux de prévalence sont passés de 32 % et 36 % en 2020 à 29 % et 23 % en 2021, marquant un recul significatif.

« Grâce au partenariat avec l’UNFPA, au financement de l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA) et d’autres partenaires, plus de 16 millions de dollars ont été investis entre 2012 et 2024 pour renforcer la prise en charge holistique », a précisé la ministre.
Ce financement a permis, entre autres, la création de neuf centres de prévention et de soins, la lutte contre les mariages précoces, l’excision et les violences basées sur le genre, le renforcement des capacités du personnel de santé, l’implication communautaire, la prise en charge de 4 409 femmes atteintes de fistules obstétricales et leur réinsertion sociale et économique.
La campagne, décrite comme une caravane inclusive et intense, a été lancée le 13 mai 2025 pour « donner un visage humain à cette maladie de la honte ». Celle-ci a permis plus de 150 interventions chirurgicales complexes.
La représentante résidente de l’UNFPA en Côte d’Ivoire, Cécile Zoungrana-Compaoré, a salué la mobilisation de 23 chirurgiens venus de 13 pays africains et la solidarité régionale autour de cette cause. « Nous connaissons tous la gravité des souffrances endurées par ces femmes, souvent très jeunes. A la douleur physique s’ajoutent rejet, discrimination et perte d’estime de soi. Et pourtant, leur souffrance est évitable, leur guérison possible, et leur réinsertion indispensable », a-t-elle déclaré.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie régionale plus large de réduction de la morbidité et de la mortalité maternelles et néonatales. L’atelier a rassemblé des experts venus de dix pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Gambie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo.
En Côte d’Ivoire, la prévalence de la fistule obstétricale est estimée à 1 % chez les femmes en âge de procréer, soit environ 74 000 femmes touchées. A ce jour, 44 000 femmes ont déjà bénéficié d’une prise en charge médicale, dont 2 200 femmes appuyées dans leur réinsertion économique à travers des activités génératrices de revenus, selon les données de l’Enquête démographique et de santé (EDS) de 2021.
La fistule obstétricale est une perforation entre le vagin et la vessie et/ou le rectum, généralement provoquée par un accouchement long et difficile sans intervention médicale adéquate. Ses causes incluent les grossesses précoces, l’excision, les accouchements non assistés, ainsi que les violences basées sur le genre, rappelle-t-on.
(AIP)
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