Abidjan, 24 mai 2025 (AIP) – Une conférence régionale de haut niveau de partage d’expériences en matière de prévention et de prise en charge de la fistule obstétricale, tenue vendredi 23 mai 2025, au siège de la représentation ivoirienne de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abidjan-Cocody, a mis en lumière les progrès des pays de la sous-région dans l’élimination de cette pathologie, considérée comme un problème majeur de santé publique.
Ce progrès est attribuable à la mise en œuvre d’une approche holistique de prise en charge médicale, psychologique et socio-économique, déployée conjointement par les autorités gouvernementales, la société civile, l’Organisation ouest africaine de la santé (OOAS), et les partenaires au développement.
Présidant cette rencontre qui a rassemblé, en présentiel comme en ligne, des officiels et experts de la sous-région, la représentante résidente de la CEDEAO, l’ambassadrice Fanta Cissé, a souligné que cette dynamique, en marge du cinquantenaire de l’institution, s’inscrit dans le cadre de la campagne régionale pour l’élimination de la fistule obstétricale dans la sous région à l’horizon 2030, lancée dix jours plus tôt à Abidjan. Ainsi, les taux de prévalence sont passés de 32 % et 36 % en 2020 à 29 % et 23 % en 2021, marquant un recul significatif dans les pays.
Ces partenariats, avec l’UNFPA, l’OOAS et bien d’autres, ont permis de renforcer la prise en charge holistique de routine, créer des centres de prévention et de soins, lutter contre les mariages précoces, contre l’excision et les violences basées sur le genre, renforcer les capacités du personnel de santé et des chirurgiens, d’organiser des milliers de séances de sensibilisation à l’endroit des communautés, ainsi que la réinsertion sociale et économique de centaines de patientes.
Cette campagne inclusive et intense, s’inscrit dans une stratégie régionale plus large de réduction de la morbidité et de la mortalité maternelles et néonatales, dont la CEDEAO est partie prenante, a été lancée le 13 mai 2025 à Abidjan, pour « donner un visage humain à cette maladie de la honte ». Celle-ci a permis plus de 150 interventions chirurgicales complexes en Côte d’Ivoire, durant cette période.
«Les victimes, souvent très jeunes, endurent des souffrances. A la douleur physique s’ajoutent rejet, discrimination et perte d’estime de soi. Alors que leur souffrance est évitable, leur guérison possible, et leur réinsertion indispensable », a déclaré la commissaire du Développement des droits humains et des affaires sociales au siège de la CEDEAO à Abuja (Nigéria), la professeure Fatou Sow-Sarr.
Pour la ministre chargée du Genre de la Sierra Léone, Dr Istata Mahois, « sur les 600 000 à un million de femmes touchées par la fistule obstétricale dans la région, il y a environ 30 000 nouveaux cas/an. Aussi, la prise en charge de routine est passée de 10% en 2010 à 80% des cas complexes », s’est-elle réjouie.
En Côte d’Ivoire, la prévalence de la fistule obstétricale est estimée à 1 % chez les femmes en âge de procréer, soit environ 74 000 femmes touchées. A ce jour, 44 000 femmes ont déjà bénéficié d’une prise en charge médicale, dont 2 200 femmes appuyées dans leur réinsertion économique à travers des activités génératrices de revenus, selon les données de l’Enquête démographique et de santé (EDS) de 2021, a relevé le représentant du ministère de la Femme, de la famille et de l’enfant, Illi Baba.
La CEDEAO célébrera ses 50 ans le 28 mai 2028 lors d’un dîner gala, en compagnie de partenaires. Ce sera l’occasion pour réunir des fonds pour booster l’initiative sous régionale de prise en charge de la fistule obstétricale, entre autres sujets cruciaux soutenus pas l’institution.
La fistule obstétricale est une perforation entre le vagin et la vessie et/ou le rectum, généralement provoquée par un accouchement long et difficile sans intervention médicale adéquate. Ses causes incluent les grossesses précoces, l’excision, les accouchements non assistés, ainsi que les violences basées sur le genre, rappelle-t-on.
(AIP)
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