Abidjan, 28 mai 2025 (AIP)- Le Centre de recherches architecturales et urbaines (CRAU) en partenariat avec l’Institut de géographie tropicale (IGT) a organisé, mardi 27 mai 2025, à l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, une conférence axée sur les défis environnementaux et les opportunités offertes par les technologies numériques pour transformer durablement les quartiers précaires.
Cette conférence sur le thème “La géographie des quartiers précaires dans les pays en développement, un regard sur les solutions numériques comme acceleratrices des changements de ces quartiers” a été une opportunité d’échanges entre la communauté académique, les professionnels du développement urbain et les institutions publiques.
Selon le conférencier, Professeur Jean Martin Caldieron, de l’École d’architecture de Florida Atlantic University (USA), des millions de personnes dans le monde vivent dans des quartiers précaires. La démolition de ces zones vulnérables n’est donc pas une solution idoine. Bien au contraire, il faut les améliorer, a-t-il recommandé.
Il a constaté que chaque bidonville a ses réalités d’où ses solutions spécifiques. Pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers précaires, le conférencier préconise la planification urbaine, la promotion des logements sociaux, des sites et services pouvant offrir un cadre urbain qui fonctionne efficacement, la conception de plans et projets visant à améliorer un à un les quartiers dits informels.
A cela s’ajoute l’usage de l’Intelligence artificielle, de la télédétection ( imagerie satellite, drones), des systèmes d’informations géographiques, les statistiques multiformes en vue de comprendre la morphologie urbaine et l’évolution de l’occupation du sol.
Le professeur a évoqué aussi la nécessité d’agir dès les premiers signes d’installation dans des zones inadéquates. II a recommandé que les autorités mettent en place un « système de vigilance » afin d’interdire la construction dans des lieux à risque, comme ceux exposés aux inondations ou aux problèmes géologiques.
II a reconnu qu’une fois les habitants installés, la situation devient bien plus complexe. Dans certains cas, le déplacement des populations peut être justifié, mais en général, il a rappelé que « le gouvernement doit comprendre qu’il y a une communauté qui est déjà là » et qu’il est essentiel de « les assister sans nécessairement détruire la culture et le patrimoine » présents dans ces quartiers existants.
Quant au directeur du CRAU, professeur Traoré Porna Idriss, il a souligné que la question des quartiers précaires est particulièrement d’actualité en cette saison des pluies, marquée par de nombreuses inondations.
Selon lui, cette situation place la problématique au cœur des préoccupations des gouvernements. Il a expliqué que c’est précisément dans ce contexte que la conférence revêt une importance particulière, car elle permet d’attirer l’attention des pouvoirs politiques et publics sur les solutions possibles en matière de restructuration des quartiers précaires.
Il a insisté sur le fait que ces solutions existent bel et bien, et qu’elles doivent impérativement être conçues et mises en œuvre avec la participation active des habitants. D’après lui, il est indispensable qu’à un certain moment, les décideurs prennent en considération ces approches participatives.
Enfin, il a annoncé qu’un projet pilote sera lancé en collaboration avec le professeur Jean Martin Caldieron, visant à intervenir dans plusieurs quartiers précaires, afin de démontrer concrètement que des solutions viables peuvent être trouvées et appliquées sur le terrain.
(AIP)
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