Abidjan, 28 mai 2025 (AIP) – L’Afrique affiche des perspectives économiques solides pour 2025, avec une croissance attendue à 3,9 %, portée par des réformes internes et un vaste potentiel de capitaux locaux encore sous-exploités, et ce, malgré les tensions géopolitiques mondiales. C’est ce qui ressort du rapport « Perspectives économiques en Afrique 2025 », publié mardi 27 mai par la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan.
Présenté en marge des Assemblées annuelles de la BAD, ce rapport annuel prévoit une reprise de la croissance économique africaine, passant de 3,3 % en 2024 à 3,9 % en 2025, avant de dépasser les 4 % en 2026.
Publié sous le thème « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement », le rapport met en lumière la résilience remarquable du continent face aux chocs internes et externes, tout en identifiant des leviers puissants pour une transformation durable.
« L’Afrique doit désormais relever le défi de mobiliser ses propres ressources pour financer son développement », a déclaré économiste en chef de la BAD, Kevin Urama.
Les perspectives varient selon les régions. Ainsi, l’Afrique de l’Est devrait enregistrer la meilleure performance avec une croissance estimée à 5,9 %, portée par l’Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie. L’Afrique de l’Ouest devrait suivre avec 4,3 %, stimulée par la mise en production de nouveaux gisements de pétrole et de gaz au Niger et au Sénégal. L’Afrique du Nord, elle, enregistrerait une croissance de 3,6 %, l’Afrique centrale de 3,2 %, tandis que l’Afrique australe resterait à la traîne avec 2,2 %, pénalisée par la faible performance de l’Afrique du Sud (0,8 %).
Le rapport estime que le continent pourrait mobiliser jusqu’à 1 430 milliards de dollars supplémentaires en optimisant l’utilisation de ses ressources nationales, fiscales et non fiscales.
Parmi les principales ressources identifiées, il faut noter le capital naturel : l’Afrique détient 30 % des réserves mondiales de minéraux et pourrait capter plus de 10 % des 16 000 milliards de dollars de revenus attendus des principaux minéraux verts d’ici à 2030.
Le capital humain, avec un âge médian de 19 ans, la population africaine représente un dividende démographique susceptible d’ajouter 47 milliards de dollars au PIB grâce à une meilleure inclusion de la main-d’œuvre. Le capital financier, pour sa part, révèle que les actifs des fonds de pension sont estimés à 1 100 milliards de dollars, tandis que les transferts de fonds officiels pourraient atteindre 500 milliards de dollars d’ici à 2035 si les coûts de transfert sont réduits.
La mise en œuvre intégrale de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), pour ce qui est du capital commercial, pourrait porter les exportations à 560 milliards de dollars et générer 450 milliards de revenus supplémentaires d’ici à 2035.
En 2022, le continent a enregistré près de 587 milliards de dollars de pertes financières, dont 90 milliards dus aux flux financiers illicites, 275 milliards évaporés via le transfert des bénéfices des multinationales et 148 milliards liés à la corruption.
« Lorsque l’Afrique allouera efficacement son propre capital, les capitaux mondiaux suivront », a souligné Kevin Urama.
Les auteurs du rapport plaident pour un renforcement de la gouvernance, une amélioration de l’administration fiscale, la numérisation des régies financières et la comptabilisation obligatoire du capital naturel dans les budgets publics.
Ils recommandent également de développer les marchés financiers locaux, harmoniser les cadres réglementaires régionaux et mobiliser davantage l’épargne institutionnelle pour financer la croissance.
(AIP)
kp