Zuénoula, 30 mai 2025 (AIP) – Le pont métallique de Minfla, érigé en 1957 sur l’axe Zuénoula–Mankono, est aujourd’hui dans un état de dégradation alarmant, a constaté l’AIP lors d’une visite sur les lieux le mercredi 28 mai 2025.
Véritable lien historique et économique entre les régions de la Marahoué et de la Béré, ce pont menace désormais la sécurité des populations et l’activité socio-économique locale.
Un patrimoine en péril
Surnommé « pont Gouro-Koyaka », il incarne depuis plus de soixante ans l’unité entre les communautés Gouro et Koyaka. Mais aujourd’hui, ce symbole du vivre-ensemble n’est plus qu’un vestige fragilisé par le temps et les intempéries.

« Chaque passage est un calvaire », confie Armand Djangoné, jeune opérateur économique. « On sent la structure vibrer sous les roues des véhicules. On vit avec la peur que tout s’effondre à tout moment. »
La structure métallique, rongée par la rouille, affiche des trous béants dans son tablier et des poutres tordues, menaçant de céder à chaque instant. Pourtant, elle reste l’unique voie de passage pour des dizaines de femmes, d’enfants et d’agriculteurs qui rejoignent leurs champs, les marchés et les écoles de la région.
« C’est un pan de notre mémoire collective », rappelle Tra Bi Irié, porte-parole de la chefferie de Minfla. « Nos anciens ont vu ce pont naître. Aujourd’hui, c’est comme s’ils nous regardaient depuis l’au-delà, impuissants, pendant qu’on laisse mourir ce témoignage de notre histoire. »
Des conséquences lourdes pour les populations
En l’absence d’alternative, le pont reste un passage obligé, malgré les risques. Kouamé Yao, conducteur de tricycle, témoigne : « Sans ce pont, nous sommes complètement isolés. Même les transporteurs hésitent à s’y aventurer. »
L’impact est direct: enclavement des villages, interruption de l’approvisionnement des marchés, difficultés d’accès aux soins et à l’éducation, sans parler du risque d’accident majeur.
« Il ne s’agit pas seulement d’un pont, mais de vies humaines qu’on sacrifie par négligence », alerte Zamblé Bi Djo, producteur de vivriers à Minfla. La voix nouée d’émotion, il exprime la détresse des populations qui, chaque jour, vivent avec la peur d’un drame.
Un appel à la mobilisation des autorités
Les populations locales en appellent aux autorités administratives et politiques, à tous les niveaux, pour une intervention d’urgence. « Nous lançons un appel pressant aux autorités locales, préfectorales, ministérielles et même à la Présidence de la République », insiste Armand Djangoné. « Ce pont n’est pas qu’une infrastructure. C’est un enjeu de sécurité, un levier de développement et un devoir de mémoire. »
« Ce pont est vital pour l’économie locale et la mobilité des populations. Il relie directement Abidjan à Korhogo. Sa dégradation maintient Minfla dans l’enclavement et freine l’écoulement des produits agricoles », renchérit Daniel Kolou, cadre et fils de Minfla.
Il souligne que malgré les efforts du gouvernement en matière d’infrastructures, la localité de Minfla reste marginalisée. Pour lui, le bitumage de l’axe Zuénoula–Mankono et la reconstruction complète du pont sont des priorités absolues, autant pour la sécurité que pour l’économie régionale.
Une urgence vitale et un espoir de renaissance

Les habitants de Minfla réclament non seulement une réhabilitation immédiate, mais aussi une reconstruction complète du pont, répondant aux normes modernes tout en préservant son caractère historique. Cette dualité – entre exigence technique et préservation patrimoniale – illustre l’attachement des populations à ce monument qui a traversé les époques.
« Si ces travaux sont réalisés, nous serons profondément reconnaissants envers le président Alassane Ouattara et son gouvernement », conclut Daniel Kolou. Les populations de Minfla espèrent que leur appel sera entendu, pour que ce pont – symbole de lien et d’avenir – ne sombre pas dans l’oubli, mais soit restauré pour les générations futures.
(AIP)
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