Abidjan, 04 juin 2025 (AIP)- La précarité menstruelle est une réalité en Côte d’Ivoire, principalement à Abidjan et les femmes n’ayant pas de revenus mensuels en sont les plus exposées à 44,48%, de même que les filles et adolescentes, ne percevant pas d’argent de poche.
C’est le résultat d’une enquête réalisée sur un échantillon de 2927 personnes dont 90% de femmes et 10% d’hommes, par l’Organisation des citoyennes pour la promotion et défense des droits des enfants, femmes et minorités (CPDEFM), dans le cadre de l’implantation de son Programme Gender and GBV Studies Laboratory (GSL), avec le soutien financier de la Fondation de l’innovation pour la démocratie.
Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) définit la précarité menstruelle comme « les difficultés de nombreuses femmes et filles à se payer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus ».
Selon le rapport, les femmes, filles et jeunes filles menstruées sont 15,71% à accéder difficilement aux protections (dessous jetables) durant leur période menstruelle et 55% ont recours aux protections alternatives comme les morceaux de pagnes communément appelés « Kodjo » (parce que plus accessibles, presque gratuit et ayant une valeur traditionnelle), contre 43% qui utilisent parfois, les couches de bébé, papiers toilettes, essuie-tout, durant leurs règles.
L’enquête révèle que les filles de la tranche d’âge de 11 à 14 ans en sont des plus exposées, parce que plus nombreuses, soit 60%, à recourir aux protections non adaptées voire dangereuses pour la santé génitale, comme entre autres les chiffons (mousses) comme dessous lors de leur menstruation. Les femmes Mandés nord, sont des plus exposées à la stigmatisation liée aux menstrues, à 66,41%. Le sentiment de honte et d’isolement social sont des plus ressentis.
Un taux de 32% des interrogées, poursuit le rapport, affirment avoir déjà contracté une infection génitale du fait de toilettes publiques insalubres, un phénomène beaucoup observé dans les établissements primaires et secondaires publics et que les règles douloureuses sont aussi une réalité pour 25% de femmes et de jeunes filles menstruées, causant parfois l’absentéisme aux cours comme au travail.
Des hommes ont été appelés à se prononcer sur les menstrues. Si 100% des interrogés trouvent les règles naturelles chez une femme, source de vie et de fécondité, ils sont 67% de musulmans, contre 30% de chrétiens, à les trouver sales et impures, rapporte le document.
Quant à l’implication, ou non, des pouvoirs publics dans la gestion menstruelle, elle a été qualifiée de « pas du tout », par 67% de la population abidjanaise interrogée, toutes tendances confondues. Laquelle approuve par ailleurs à 100%, la distribution gratuite des protections menstruelles et réduction des coûts de ces protections, par l’Etat de Côte d’Ivoire.
Cette étude vise, aux dires de son auteur, à lutter contre la précarité menstruelle en Côte d’Ivoire, par la documentation de la manifestation du phénomène et de ses conséquences sur les femmes, filles et jeunes filles menstruées dans le District d’Abidjan. Ce, afin de susciter des actions fortes des pouvoirs publics et Partenaires techniques et financiers (PTF).
Le rapport de l’étude menée autour du thème: “Précarité mensuelle en Côte d’Ivoire: quelle réalité dans le district d’Abidjan” est disponible sur le site https://www.cpdefm.org/medias/files/rapport-enquete-sur-la-precarite-menstruelle-en-cote-d-ivoire-cas-du-district-d-abidjan-1.pdf
(AIP)
fmo