Guitry, 5 juin 2025 – La divagation de troupeaux de bœufs et de moutons compromet sérieusement les activités agricoles dans dix villages du département de Guitry, région du Loh-Djiboua, privant les populations rurales de leurs principales sources de revenus.
Les villages de Naneko, Dioligbi, Gnabouasso, Bobiadougou, Sefi Carrefour, Babogon, Hermanko, Tiégba, Tiégba 2 et Anoumaba font face depuis plusieurs semaines à des destructions répétées de leurs cultures vivrières. Manioc, riz, aubergines et palmiers à huile subissent les assauts de troupeaux laissés en liberté, souvent sous la seule surveillance d’enfants d’une dizaine d’années.
Cette situation touche particulièrement les communautés dépendantes exclusivement de l’agriculture de subsistance. Le témoignage de Ouoba Oumamdi, planteur malade, résume la détresse. « Les cultures que je devais vendre pour me soigner ont été détruites. Je ne peux plus me nourrir correctement, encore moins me rendre à l’hôpital. », a-t-il remarquer.
Le phénomène fait suite à un déficit d’encadrement des animaux domestiques. À Tiégba 2, le chef de village, N’Guessan René, décrit une situation préoccupante. « Nous sommes fatigués de vivre avec les animaux domestiques dans nos propres cours. Les propriétaires préfèrent construire des enclos devant leurs maisons et dorment dehors. La nuit, les bêtes traversent le village et envahissent les champs », a expliqué l’autorité traditionnelle.
La présidente des femmes de Tiégba 2, Klégnénom Guéri, pointe la responsabilité de certaines autorités locales, propriétaires de troupeaux qui dérangent les paysans et leurs cultures vivrières devenues inaccessibles.
Face aux dégâts répétés, les producteurs interpellent l’État sur l’inadéquation entre les encouragements officiels et la réalité du terrain. « Le gouvernement nous encourage à cultiver le manioc et les aubergines. Mais au niveau local, nous n’avons aucun soutien concret. Encore une fois, nous demandons que l’État intervienne », dénonce Djibi Juleine, une productrice du vivrier.
Les populations sollicitent des mesures concrètes pour mettre fin à cette divagation qui compromet leurs moyens d’existence. « Nous voulons que le gouvernement interdise la circulation des bœufs et moutons en liberté dans les villages et la ville de Guitry. Ce phénomène ruine l’économie rurale et aggrave la pauvreté », propose Cissé Mohamed, commerçant des produits vivriers.
Si des actions de sensibilisation ont été initiées auprès des éleveurs, l’urgence de la situation appelle des mesures réglementaires immédiates pour préserver la survie économique de ces communautés rurales.
(AIP)
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