Divo, 07 juin 2025 (AIP) – Veuve depuis 15 ans, Mme Camara Karidja, est une fidèle musulmane très active dans la communauté islamique de Divo. Elle est présidente de la section locale de l’ONG d’obédience islamique, Al Noura. Comme il est de tradition familiale, instituée par son défunt mari, la mère de six enfants, est heureuse de les retrouver autour d’elle, eux et leurs enfants, à l’occasion de la fête de la Tabaski.
Pour la commémoration du vendredi 06 juin 2025, la famille Camara s’est pliée au rituel de la fête de Tabaski, à savoir la grande prière commune, suivie du sacrifice des moutons, et le partage.
La première étape du rituel de la fête respectée : la grande prière

Tôt levée ce jour de fête, à l’instar de la plupart de ses coreligionnaires, Mme Camara s’est rendue à la grande prière, organisée au terrain municipal de Divo, coiffée de foulard et dans une grande robe en basin neuf. Après la prière dirigée par l’imam de la grande mosquée de la ville, El Hadj Makane Aboubacar, en présence des autorités politiques et administratives, la famille Camara s’est retrouvée à la maison pour imiter le sacrifice d’Abraham avec quatre moutons attachés dans la cour familiale.
A peine de retour à la maison, Mme Camara reçoit, à 10 h, dans une ambiance de joie, la visite d’une amie, sa filleule, élégamment habillée avec une robe vert-olive, et tenant un panier.
« C’est la fête de la Tabaski. On partage, donc je suis venue apporter de la nourriture à ma ‘’grande mère’’ chérie », a déclaré Souley Oumou épouse Touré.

Mais, au niveau de la famille Camara, l’on attendait encore l’arrivée de jeunes gens, contactés pour venir procéder à l’immolation des moutons et à leur dépeçage, afin de permettre à la famille d’en partager aux voisins et d’en préparer pour elle-même. Après quelques minutes d’attente, les jeunes gens sont enfin arrivés pour l’immolation des moutons.
La seconde étape du rituel de la fête suivie : l’immolation des béliers en famille
La mère de famille, ses trois garçons et trois filles, ont acheté, pour l’occasion, quatre béliers pour le sacrifice.
Dans la cour familiale, les moutons, de différentes corpulences, sont successivement immolés jusqu’à ce qu’on arrive au tour du plus petit des quatre béliers. L’une des petites-filles de Mme Camara, Kadidja Kroubraneila, âgée de six ans, refuse que l’on tue cette bête.
Elle en donne la raison. « Faut pas le tuer, c’est mon camarade, mon animal de compagnie », soutient Kadidja. Selon elle, même si ce bélier n’est celui payé par son père, elle peut le prendre et le garder comme animal de compagnie. Son père a dû jouer de diplomatie pour la convaincre et l’amener à accepter que « son ami » soit sacrifié.
Mme Camara, heureuse de voir ses enfants et petits-enfants, tous rassemblés autour d’elle
Au-delà du respect d’une prescription de la religion, la Tabaski pour Mme Camara, est également un moment de retrouvailles familiales qu’elle apprécie. Voir revenir en famille ses enfants avec ses petits-enfants la rend très heureuse.
« A la Tabaski, nous suivons les traces du prophète Ibrahim en sacrifiant le mouton. Mais, c’est de tradition dans la famille, chaque année, les enfants viennent avec leurs moutons et nous fêtons en famille », explique Mme Camara, occupées à donner le biberon à la dernière-née de ses petits-fils.
Le sentiment est partagé par deux de ses garçons, dont l’un, Camara Ismaël, est arrivé de Ferkessédougou où il travaille. Le second, Cheik Camara, est en fonction à d’Abidjan. « C’est une tradition de la famille. Au-delà de l’aspect religieux, à la Tabaski, les membres de la famille ont toujours célébré cette fête autour de l’aîné ou du patriarche de la famille, quelque soit le lieu où les uns et les autres se trouvent. Ils viennent fêter en famille, en venant avec leur mouton », a relevé Camara Ismaël.
« C’est une occasion pour la famille de se retrouver, parce que nous ne vivons pas ensemble. Elle permet de nous retrouver et de traiter des sujets importants qui concernent la famille, et elle permet aussi à tous les petits-enfants de mieux se connaître et de renforcer leurs liens de famille », a précisé Cheik Camara.
La troisième étape du rituel appréciée par les voisins : le partage
Les quatre béliers de la famille Camara, une fois immolés et dépecés, ont été répartis selon les prescriptions de l’islam et partagés à trois niveaux. Une partie a été réservée pour la famille elle-même, une autre partie pour les voisins, et une troisième pour les personnes vulnérables.
L’un des voisins de la famille Camara, Kouamé Koffi, instituteur à la retraite, habite avec sa famille dans une maison mitoyenne de celle des Camara. Les deux envoyées de la famille Camara sont arrivées dans la cour, non encore clôturée, de M. Kouamé, remettre sa part du sacrifice. Le père de famille a reçu avec plaisir le don de ses voisins, précisant que cela est de coutume entre les deux familles voisines.
« Chaque année, quand il y a la fête chez nos voisins musulmans, ils nous donnent la viande, la nourriture. Nous nous entendons très bien. Et quand, nous aussi, nous sommes en fête, ce que nous leur donnons, ils acceptent », a soutenu M. Kouamé.
L’Aïd el-Kebir ou « Sacrifice du mouton » est la deuxième grande fête musulmane, vient après celle du Ramadan. Elle commémore, selon le coran, le sacrifice de mouton opéré par Abraham, à la demande de Dieu, quand celui-ci a, par acte de piété, voulu sacrifier son fils.
(AIP)
jmk/fmo
Reportage de Jean-Marie KOFFI,
Chef du bureau régional AIP à Divo
(AIP)
jmk