Abidjan, 11 juin 2025 (AIP) -La Banque mondiale, en collaboration avec le gouvernement ivoirien, le Population council et le Center for Global development (CGD), a procédé mardi 10 juin 2025 à Abidjan-Plateau au lancement officiel d’un rapport régional qui dévoile les leviers clés pour transformer le potentiel des jeunes filles en moteur de prospérité économique en Afrique et en Côte d’Ivoire en particulier.
Ce rapport intitulé « Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Afrique » représente une feuille de route stratégique pour les gouvernements africains, y compris celui de la Côte d’Ivoire, afin de maximiser le dividende démographique et de bâtir une prospérité partagée en investissant dans l’autonomisation des adolescentes.
Le rapport propose une feuille de route claire pour permettre à la Côte d’Ivoire de transformer ce défi démographique en un véritable dividende économique. Il recommande tout d’abord des investissements ciblés, à travers le développement de programmes différenciés selon les régions et le statut socio-économique, en particulier dans les zones rurales les plus vulnérables.
Ensuite, il préconise la réduction du décrochage scolaire en intégrant des mesures d’accompagnement pour les filles qui combinent travail et études, tout en renforçant la qualité de l’offre éducative. Par ailleurs, l’amélioration de la santé reproductive est jugée essentielle, notamment par la garantie d’un accès à des services adaptés, afin de retarder les mariages et les grossesses précoces.
Le rapport insiste également sur la promotion de l’inclusion économique, en suggérant la mise en place de formations professionnalisantes et le soutien à l’entrepreneuriat féminin chez les jeunes filles. En outre, il appelle à une mise en œuvre effective des lois existantes, afin de passer de la législation à l’action concrète, notamment en matière de protection contre les mariages précoces.
Le renforcement des données est aussi considéré comme un axe prioritaire, à travers la collecte d’indicateurs désagrégés (âge, sexe, lieu, statut) permettant de mieux orienter les politiques publiques. Enfin, le rapport encourage un partenariat multisectoriel en vue de fédérer les efforts de l’État, du secteur privé, des ONG ainsi que des partenaires techniques et financiers, pour garantir des interventions coordonnées et efficaces.
La Directrice de Division de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Guinée et le Togo, Mme Marie-Chantal Uwanliyigira, a souligné l’importance capitale d’investir dans les jeunes filles, en affirmant qu’il s’agit d’un véritable levier économique, et non d’un luxe.
Elle a précisé que son institution s’engage résolument dans des projets favorables à l’égalité de genre. À ses yeux, le rapport constitue un véritable appel à l’action, qu’il convient de prendre avec le plus grand sérieux. Elle a par ailleurs tenu à mettre en lumière le parcours inspirant d’une jeune fille ivoirienne ayant su, malgré de nombreux obstacles, s’imposer dans la vie socio-économique.
Prenant la parole au nom de la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, M. Ouassolou Gnekpa a pour sa part indiqué que ladite ministre s’engagera dans l’élaboration d’un plan d’accélération national, en concertation avec l’ensemble des partenaires, afin d’amplifier l’impact des interventions en faveur des adolescentes ivoiriennes.
Il a rappelé, à l’instar des conclusions du rapport, qu’investir dans les adolescentes ne relève pas uniquement d’un impératif moral, mais constitue l’une des décisions économiques les plus avisées. En effet, chaque dollar investi dans leur autonomisation pourrait générer jusqu’à dix dollars de bénéfice pour l’économie nationale.
Selon les données officielles compilées dans le rapport, seules 24,5 % des adolescentes de 16 à 18 ans sont scolarisées dans le second cycle du secondaire, et près d’une sur quatre (23 %) a déjà connu une grossesse. Bien que 27,1 % travaillent, une grande majorité d’entre elles sont encore éloignées des systèmes formels de production, d’éducation ou de santé, limitant ainsi leur contribution au développement économique national.
La fracture numérique et financière est tout aussi frappante : seulement 31,8 % utilisent Internet, et 31,2 % effectuent des transactions mobiles, loin derrière leurs homologues masculins. Ces chiffres révèlent une exclusion technologique qui freine leur inclusion dans l’économie numérique, pourtant en forte croissance dans le pays.
La Côte d’Ivoire a déjà manifesté sa volonté de relever ces défis à travers des initiatives telles que « Une fille qui apprend, une femme qui gagne (FAFG) » et le projet SWEDD. Le rapport « Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Afrique » s’inscrit dans cette dynamique, en fournissant des données probantes, des recommandations concrètes et un cadre stratégique pour orienter les politiques publiques et les investissements en faveur des adolescentes.
L’Afrique abrite actuellement 145 millions d’adolescentes, un chiffre qui devrait atteindre près d’un tiers des adolescentes dans le monde d’ici 2050. Cette transition démographique offre une opportunité sans précédent pour le développement du continent.
(AIP)
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