Abidjan, 16 juin 2025 (AIP) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé le lundi 16 juin 2025 à Genève, sa vive préoccupation face à l’ampleur considérable des violations et atteintes aux droits humains perpétrées dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Présentant une mise à jour orale de la Mission d’établissement des faits sur la RDC devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, M. Türk a évoqué une situation « grave et alarmante », marquée par « une absence totale de considération pour la protection des civils » lors et après les opérations militaires.
Selon les premières conclusions de la Mission, toutes les parties impliquées dans les affrontements – forces armées de la RDC (FARDC), milices Wazalendo et rebelles du M23 – ont commis de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire. Les FARDC et leurs alliés Wazalendo auraient été impliqués dans des exécutions sommaires, des viols, des pillages, ainsi que des arrestations arbitraires et des enlèvements à des fins d’extorsion.
Le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, est également accusé de détentions arbitraires, y compris d’enfants, d’exécutions extrajudiciaires et de recrutements forcés, notamment dans des camps militaires tels que celui de Rumangabo.
Le Haut-Commissariat a également recueilli des informations accablantes sur l’utilisation systématique de violences sexuelles par toutes les parties, souvent employées comme arme de représailles contre des communautés ciblées. Alarmant, près de 40 % des survivants de ces violences sont des enfants, selon l’UNICEF, qui rapporte qu’au plus fort du conflit, un enfant était violé toutes les 30 minutes.
Par ailleurs, la Mission enquête sur des cas de recrutement d’enfants, y compris des adolescents, par le M23 et des milices Wazalendo, dans le but de les intégrer aux combats.
Face à cette situation dramatique, Volker Türk appelle toutes les parties à s’engager de toute urgence pour un cessez-le-feu et à revenir à la table des négociations. Il a également demandé au Rwanda de retirer ses troupes du territoire congolais et de cesser tout soutien au M23. Il a exhorté les États disposant d’une influence sur les parties à « encourager le respect du droit international ».
Le Haut-Commissaire a insisté sur la nécessité de garantir des mécanismes de justice en s’appuyant sur les nombreuses preuves recueillies auprès de victimes, témoins, organisations de la société civile et partenaires onusiens, en RDC et dans la région.
Malgré l’ampleur du travail mené, la Mission fonctionne actuellement grâce à des fonds de réserve, en raison de l’absence de financement régulier du budget ordinaire de l’ONU. Volker Türk a lancé un appel à la communauté internationale pour un soutien politique et financier renforcé, afin de permettre au Bureau des droits de l’homme de poursuivre ses investigations et son assistance aux victimes.
(AIP)
cmas