Abidjan, 19 juin 2025 (AIP)- Moins de 24 heures après avoir été reçu par le président de la République démocratique congolaise (RDC), Félix Tshisekedi, le ministre de la Justice Constant Mutamba a officiellement remis sa démission, dans un contexte de graves accusations de détournement de fonds publics portées contre lui.
Ce, trois jours après que l’Assemblée nationale a autorisé des poursuites judiciaires à son encontre, a rapporté le mercredi 18 juin 2025 l’Agence congolaise de presse (ACP).
Dans sa lettre adressée au Chef de l’État, le désormais ancien ministre de la Justice se dit victime d’un « complot politique » ourdi par des acteurs extérieurs et internes. « Je vous remets ce jour, non sans regret, ma démission pour faire face à ce complot politique dont se revendiquent le ministre rwandais des Affaires étrangères, qui a jubilé à travers un tweet, ainsi que les responsables de l’AFC/M23, dont l’objectif ultime est mon élimination physique », écrit-il.
M. Mutamba rejette en bloc les accusations de détournement de 39 millions de dollars américains destinés à la construction d’une prison à Kisangani. « Je n’ai pris aucun dollar de l’État », a-t-il affirmé.
Dans sa lettre, il défend fermement son action à la tête du ministère de la Justice, mettant en avant des réformes « audacieuses », menées malgré la « résistance de conservateurs hostiles au changement ». Il cite notamment la relance du guichet unique permettant de créer une entreprise en 48 heures; l’insaisissabilité des biens des entreprises publiques; la création d’une commission de suivi de l’exécution des décisions judiciaires; ainsi que des actions ciblées contre les réseaux mafieux impliqués dans la prédation des biens publics.
Sur le plan judiciaire, il affirme avoir mené des actions contre les complices de l’agression rwandaise, aboutissant à des condamnations et à la confiscation de leurs biens, tout en intensifiant la lutte contre le banditisme urbain via des audiences foraines.
M. Mutamba salue également les avancées issues des États généraux de la justice, tenus en novembre 2024, qu’il qualifie de « thérapie adaptée » pour réformer le système judiciaire congolais. Il évoque entre autres le dépôt d’un projet de loi créant un tribunal pénal économique et financier; le désengorgement des prisons et l’amélioration des conditions carcérales; la réforme de l’Inspection judiciaire; la réactivation de l’École de criminologie; l’identification des pasteurs et églises à travers des permis d’exercice; et l’organisation de consultations populaires et journées portes ouvertes.
Il conclut en réaffirmant son engagement à poursuivre son combat pour « une justice équitable, débarrassée des règlements de comptes politiques » et contre « les envahisseurs ».
(AIP)
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