Abidjan, 05 août 2024 (AIP) – La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a démissionné suite à des manifestations antigouvernementaules à Dacca, la capitale, a annoncé lundi 5 août 2024, le chef de l’armée, le général Waker-Uz-Zaman.
Lors d’une adresse à la nation diffusée par la télévision d’Etat, le général Waker-Uz-Zaman a affirmé son intention de “former un gouvernement intermédiaire”. Plus tôt, de nombreux manifestants antigouvernementaux avaient pris d’assaut le palais de la cheffe du gouvernement, malgré un vaste dispositif de sécurité déployé par l’armée et la police, pour empêcher l’accès aux rues conduisant à son bureau.
Dans ce pays de 170 millions d’habitants, les étudiants contestent, sur fond de chômage aigu des diplômés, les faveurs dont bénéficient les proches du pouvoir pour devenir fonctionnaires.
Depuis le début du mouvement il y a un mois, l’on dénombre au moins 300 morts, rapportent des médias occidentaux à partir de données de la police, de responsables et de médecins dans des hôpitaux. Selon le porte-parole de la police, Kamrul Ahsan, 14 policiers figurent parmi les personnes tuées. Un commissariat à Enayetpour (Nord-Est) a été pris d’assaut et 11 policiers tués.
Le général Waker-Uz-Zaman avait déjà affirmé samedi dans un communiqué que les militaires se tiendraient “toujours aux côtés du peuple”.
Fille aînée de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh qui a pris son indépendance du Pakistan en 1971, Sheikh Hasina est au pouvoir depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 2001.
Des affrontements ont fait au moins 94 morts à travers le pays, dimanche, le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début des manifestations antigouvernementales. Un couvre-feu est entré en vigueur dans la soirée.
Les 3 500 usines ont fermé au Bangladesh où l’industrie de l’habillement a été le principal moteur de la croissance économique. L’accès à internet est coupé, d’après des fournisseurs et des organismes de surveillance. L’école est également fermée, et l’armée déployée.
Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l’arrivée au pouvoir il y a 15 ans de Sheikh Hasina.
“La violence choquante au Bangladesh doit cesser”, a exhorté dimanche soir, le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk.
D’anciens officiers militaires ont apporté leur soutien aux contestataires. Un ancien chef de l’armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, et plusieurs autres ex-officiers supérieurs ont appelé au retrait des troupes de la rue, en soulignant que les gens n’avaient “plus peur de sacrifier leur vie”. Des soldats et des policiers ne sont pas intervenus contre les protestataires, contrairement au mois dernier.
Le pays compte de nombreux diplômés au chômage, et les étudiants exigent l’abolition d’un système de discrimination positive qui réserve un quota d’emplois publics aux familles des vétérans de l’indépendance. Partiellement aboli en 2018, ce système a été restauré en juin par la justice, mettant le feu aux poudres, avant un nouveau retournement fin juillet de la Cour suprême.
La crise sociale s’est muée en crise politique à partir du 16 juillet, quand la répression a fait ses premiers morts, les manifestants réclamant alors la démission de Sheikh Hasina.
(AIP)
cmas