mardi, septembre 16

Sinématiali, 16 sept 2025 (AIP) – Dans le département de Sinématiali (Nord), longtemps marqué par des traditions réservant l’école aux garçons, la scolarisation des filles est désormais considérée comme une évidence. Porté par des réformes publiques et un engagement local, ce changement se reflète dans les villages, les statistiques et les résultats scolaires.

Des mentalités en mutation

Horoyaha Coulibaly, reine-mère de Sinématiali, incarne ce basculement. “Mettre une fille à l’école est devenu plus qu’important”, affirme-t-elle, avant de rappeler son propre vécu. “Nos parents qui nous ont tant chanté que la place de la femme est au foyer et non à l’école, ne nous ont pas fait du bien.”

La mémoire des anciens illustre cette lente évolution. “La première école de Sinematiali a ouvert en 1920, la première fille a été inscrite en 1922, mais jusque dans les années 1960, les classes restaient dominées par les garçons”, raconte le notable Ibrahima Soro, représentant du chef du village.

La reine-mère de Sinematiali, Horoyaha Coulibaly, regrettant aujourd’hui sa non-scolarisation.

L’effet des réformes

L’obligation et la gratuité de l’école primaire depuis 2015 ont marqué un tournant. “Depuis que le président Alassane Ouattara a dit que l’école est devenue obligatoire et gratuite, les garçons et surtout les filles ont commencé à être envoyés en grand nombre à l’école”, témoigne Doba Yéo, chef du village de Bahouakaha.

Dans les localités voisines, l’implantation d’écoles primaires et de collèges a renforcé ce mouvement. “À notre temps, il n’y avait pas d’école primaire dans chaque village. Et laisser partir une fille loin, c’était un véritable risque pour les parents”, explique Drissa Soro, de Sediogo.

Des résultats visibles

En 2024-2025, le département enregistre 24.910 élèves, dont 12.166 filles, soit près de la moitié. Dans certains collèges, les filles sont plus nombreuses que les garçons. “Le taux de scolarisation de la jeune fille a connu un véritable boom”, constate un conseiller pédagogique de l’inspection de Sinematiali.

Les meilleures élèves recompensés au concours mathématiques en 2025 au lycée d’excellence de Sinematiali.

Les performances académiques suivent. “Aujourd’hui, on peut dire que le gouvernement est en train de récolter le fruit de sa politique. Les filles produisent les meilleurs résultats en classe comme aux examens”, souligne Singary Soro, principal du collège moderne de Bahouakaha.

Un symbole d’excellence

En mai 2025, l’inauguration du lycée d’excellence Dominique Ouattara, réservé aux filles, a marqué une étape. “Ce lycée augure une ère nouvelle dans le Poro, en apportant une réponse pertinente à la scolarisation de la jeune fille”, a affirmé le président du régionial du Poro, Fidèle Sarassoro, lors de la cérémonie.

Coupure du ruban lors de l’inauguration du lycée d’excellence Dominique Ouattara de Sinematiali

Pour la ministre de l’Éducation nationale, Marietou Koné, le taux brut de scolarisation des filles est passé de 33% en 2011 à 83% en 2024. Elle rappelle toutefois que la lutte contre les grossesses précoces demeure un défi.

Encadré – Les chiffres clés de la scolarisation des filles à Sinématiali

  • Effectifs scolaires 2024-2025 : 24.910 élèves, dont 12.166 filles (49%).

  • Première école du département : 1920, première inscription d’une fille : 1922.

  • Politiques publiques : obligation et gratuité scolaires instaurées en 2015.

  • Taux brut de scolarisation des filles : 33% en 2011 → 83% en 2024.

  • Lycée d’excellence Dominique Ouattara pour jeunes filles inauguré en mai 2025.

(AIP)

Reportage réalisé par Sery Christian Yoro, correspondant de l’Agence Ivoirienne de Presse à Sinematiali

Collaboration: Hubert-Armand Assin

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