Bouaké, 09 oct 2025 (AIP)- Le Médiateur de la République a organisé, mardi 07 et mercredi 08 octobre 2025 à Bouaké, un atelier de renforcement des capacités à l’intention de 70 acteurs locaux impliqués dans la prévention et la résolution des conflits, avec l’appui technique et financier du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Cet atelier a réuni des chefs de village, des guides religieux et des médiateurs délégués issus des régions du Tchologo, Bounkani, Poro, Bagoué, Kabadougou, Folon, Gbêkê, Hambol et Sud-Comoé. Ces acteurs, investis d’une mission quotidienne de préservation de la paix au sein de leurs communautés, ont été conviés à se familiariser avec les textes, dispositions et pratiques en vigueur relatifs à la médiation et au règlement pacifique des conflits.
Selon les organisateurs, les participants devaient maîtriser les lois et règlements qui encadrent l’accès et l’exercice de la fonction de chef de village, identifier les principes directeurs liés à cette charge coutumière, cerner le profil requis pour l’exercice de cette fonction et comprendre les modalités de désignation et d’attribution. Ils ont également été appelés à définir les actions à mener pour renforcer la cohésion sociale et maintenir la paix dans leurs localités respectives.
L’atelier a constitué un cadre d’échanges entre médiateurs délégués et autres personnes ressources, autour de leurs expériences en matière de médiation communautaire. Les travaux ont permis d’examiner les conflits de chefferie, les conflits communautaires et ceux impliquant l’administration publique, en vue d’outiller les participants pour des interventions pacifiques et durables.
La conférence inaugurale a été prononcée par le Médiateur délégué de la région du Poro, Michel Séka, sur le thème : « La situation de la cohésion sociale au centre de la Côte d’Ivoire, actions menées, défis et perspectives ». Il a évoqué les conséquences des conflits sur la cohésion sociale, les actions entreprises par le gouvernement et celles du Médiateur de la République en faveur de la résilience des populations. Il a également insisté sur les leviers à promouvoir pour prévenir les conflits et renforcer la cohésion sociale, au niveau des institutions publiques, des médiateurs délégués, des chefs traditionnels et des guides religieux.
À la suite de cette conférence, cinq communications ont été présentées sur les thèmes : « Désignation, pouvoirs et missions du chef de village », « La prévention et la résolution pacifique des conflits », « Les mécanismes de prévention des conflits : l’alerte précoce », « La gestion des rumeurs et des discours de haine » et « Rôle des leaders communautaires dans le processus électoral ». Ces présentations ont été suivies de discussions avec les participants.
À l’ouverture des travaux, le représentant de la représentante résidente du PNUD en Côte d’Ivoire, Ouattara Péyogori, a rappelé que la Côte d’Ivoire a traversé, ces dernières décennies, des crises et tensions ayant fragilisé le tissu social. Selon lui, malgré des avancées, des défis persistent, notamment les conflits de chefferie et les tensions communautaires, susceptibles de nourrir l’extrémisme violent et de menacer la stabilité.
« Dans quelques jours, les Ivoiriens seront appelés à élire la personne chargée de conduire la destinée du pays. Ce processus, observé ces dernières années, suscite des violences et tensions communautaires. Le PNUD, conscient qu’il ne peut y avoir de développement sans paix, et soutenu financièrement par l’Ambassade du Japon, accompagne toutes les institutions œuvrant pour la paix et la cohésion sociale, dont le Médiateur de la République », a-t-il déclaré.
Il a souligné le rôle central des chefs de village, autorités coutumières et religieuses, médiateurs délégués, ainsi que celui des femmes et des jeunes leaders, dans la prévention des crises locales, d’où l’importance de renforcer leurs capacités sur les méthodes et techniques de médiation.
La directrice du renforcement de la cohésion sociale au Médiateur de la République, Marie-Louise Doré Méiré, a, au nom du président de l’institution, Adama Toungara, remercié le PNUD pour son appui constant aux initiatives de consolidation de la paix. Elle a rappelé que le Médiateur de la République a élaboré, en 2024, un plan d’actions en faveur d’un scrutin présidentiel apaisé en octobre 2025, dont l’un des éléments majeurs est la sensibilisation des acteurs communautaires.
« Les périodes d’élection constituent désormais, en Côte d’Ivoire comme dans plusieurs pays africains, des moments de crainte et d’inquiétude. Mesurant la nécessité de prévenir des situations regrettables liées à la prochaine élection présidentielle, le Médiateur de la République a inscrit la consolidation de la paix au cœur de ses priorités », a-t-elle indiqué.
Au terme des deux jours de travaux, les autorités coutumières, médiateurs délégués, assistants et chargés d’instruction présents devraient être mieux outillés pour intervenir efficacement dans la prévention et la gestion pacifique des conflits, et contribuer ainsi au renforcement durable de la cohésion sociale dans leurs zones de compétence.
(AIP)
rkk