Abidjan, 10 nov 2025 (AIP) – La presse ivoirienne révèle, ce lundi 10 novembre 2025, un paysage politique en pleine mutation à moins de deux mois du scrutin législatif du 27 décembre 2025. Elle met en avant les fractures internes au sein des grands partis, l’émergence de nouvelles alliances stratégiques et les interrogations sur la solidité du processus démocratique. Les législatives s’annoncent ainsi comme un véritable test de recomposition du jeu politique national.
Des partis d’opposition en pleine fragmentation
La crise la plus spectaculaire se dessine au sein du PPA-CI de Laurent Gbagbo. Malgré la décision de boycott annoncée par le parti, plusieurs journaux rapportent une rébellion interne. Le Mandat souligne que « de nombreux cadres du PPA-CI » sont candidats en dépit de la ligne officielle, tandis que Le Matin évoque « des cadres influents du parti [qui] décident de boycotter le boycott de Gbagbo ».
Le Patriote confirme cette dissidence : « Des élus et cadres menacent de désobéir à Gbagbo ». Le Jour Plus analyse ce phénomène en le comparant aux stratégies historiques du RDR : « Le PPA-CI copie le RDR jusqu’aux moindres détails […] Pourquoi des cadres du parti de Gbagbo veulent aller en indépendants ». L’@venir ne cache pas son pessimisme : « Boycott annoncé des législatives : le PPA-CI au fond du trou ».
Le PDCI à la recherche d’un nouveau souffle
Face à cette implosion de l’opposition historique, le PDCI-RDA tente une audacieuse recomposition. Abidjan 24 annonce la création d’un « nouveau mouvement » : « Thiam dribble Gbagbo et Soro. La mort subite du Front commun. Voici les nouveaux alliés du président du PDCI ».
Dernière Heure Monde confirme cette stratégie : « Le PDCI lance un grand rassemblement, le RID, pour la victoire ! ». Mais Le Matin tempère cet optimisme par une question cinglante : « Le RID peut-il sauver le PDCI de la descente aux enfers ? Pourquoi le PDCI sortira de ces législatives encore plus rabougri que jamais ! ».
@ujourd’hui va plus loin en suggérant une transition générationnelle : « En Côte d’Ivoire, l’après-Gbagbo commence au PDCI-RDA », laissant entrevoir une reconfiguration profonde de l’opposition ivoirienne.
Le camp présidentiel face à ses propres divisions
Le RHDP, parti au pouvoir, n’est pas épargné par les turbulences internes. Générations Nouvelles alerte sur « les démons de la division qui inquiètent Ouattara. Plusieurs ministres-maires seront face à des indépendants », révélant des tensions au sein même du camp présidentiel.
L’Expression tente d’apporter des éclaircissements sur « les raisons des choix du RHDP » dans la composition de ses listes, tandis que Fraternité Matin, quotidien d’État, observe la nouvelle donne : « Législatives sans le PPA-CI : RHDP et PDCI, course à la majorité », actant le face-à-face désormais quasi exclusif entre le pouvoir et le PDCI.
Un processus démocratique sous haute surveillance
Au-delà des manœuvres partisanes, plusieurs titres s’inquiètent de la santé démocratique du processus électoral. Le Bélier dénonce ce qu’il considère comme une « crise institutionnelle », pointant « la présidentielle contestée » et « le mépris de Ouattara », avant de s’alarmer : « Séparation des pouvoirs : un principe en péril sous Ouattara ».
Le Bélier Intrépide pose une question fondamentale : « Processus électoral en Côte d’Ivoire : pourquoi il faut sauver la démocratie ». Dernière Heure Monde parle de « législatives à la carte : la dérive d’un processus démocratique », tandis qu’Alliance Nouvelle va jusqu’à évoquer « une autre arnaque électorale en préparation ».
Le Nouveau Réveil adopte une posture plus constructive en suggérant « la carte que l’opposition doit jouer », dans un contexte où cette dernière semble dispersée et affaiblie.
Le compte à rebours est lancé
L’Inter rappelle l’urgence du calendrier électoral : « Plus que 48 heures pour le dépôt des dossiers. Forte pression sur les candidats », soulignant que les jeux ne sont pas encore totalement faits.
Ces législatives de décembre 2025 s’annoncent donc comme un moment charnière de la vie politique ivoirienne. Au-delà de la simple désignation des députés, elles pourraient consacrer une profonde reconfiguration du paysage partisan, avec l’affaiblissement du PPA-CI, les ambitions revanchistes du PDCI et un RHDP contraint de gérer ses propres contradictions internes. La question de la crédibilité démocratique du processus reste, elle, au cœur des préoccupations d’une partie de la presse nationale.
(AIP)
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