Abidjan, 10 nov 2025 (AIP) – Une publication largement relayée sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, a suscité une vive émotion le samedi 8 novembre 2025. Le message, présenté sous la forme d’un communiqué officiel attribué à l’État-major général des armées de Côte d’Ivoire, annonçait la disparition du général de brigade Chérif Ousmane, chef d’État-major de l’armée de terre.
L’information, partagée par plusieurs comptes, a rapidement enflammé la toile avant d’être formellement démentie par les autorités ivoiriennes et les structures de veille numérique.

FAIT
Le samedi 8 novembre 2025, un faux communiqué circulant sur Facebook a affirmé que le chef d’État-major de l’armée de terre, le général de brigade Chérif Ousmane, aurait été “absent de son poste de commandement depuis le 5 novembre 2025, sans justification officielle”. Le texte, imitant le style administratif de l’État-major, était signé du chef d’État-major général des armées, le général Lassina Doumbia.
VERDICT : Faux. Après vérification, il s’avère que cette information est totalement infondée. Le général Chérif Ousmane n’a fait l’objet d’aucune disparition et aucun communiqué de l’État-major n’a été émis en ce sens.
TEXTE
Le faux communiqué, publié le samedi 8 novembre 2025 sur le compte Facebook “Henri Soma”, a rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Ce compte, qui compte environ 5 000 abonnés, affiche comme photo de profil le président de la transition du Burkina Faso, signe d’une admiration ou d’un lien d’estime envers ce dernier.
Dans sa publication, “Henri Soma” écrit : “RCI 🇨🇮 Urgent
COMMUNIQUÉ OFFICIEL
ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL DES ARMÉES
Le Chef d’État-Major Général des Armées informe l’opinion nationale et les forces armées qu’une situation préoccupante concerne le Chef d’État-Major de l’Armée de Terre, le général de brigade Shérif Ousmane.
En effet, depuis le 05 novembre 2025, ce dernier est absent de son poste de commandement sans notification préalable ni justification officielle…
Fait à Abidjan le 08 novembre 2025
Le Chef d’État-Major Général des Armées
NB : ils finiront par dire la vérité où se trouve leur collègue 😅😅😅😅😅”.
La publication était accompagnée de photos du Chef d’État-major général des armées, le général Lassina Doumbia, du général Chérif Ousmane, ainsi que d’une image d’un avion crashé, renforçant la confusion.
Au moment de la rédaction de cet article, la publication totalisait 10 000 “J’aime”, plus de 4 000 commentaires et 1 000 partages.
Des pages Facebook et X (1, 2 , 3 , 4 , 5 , 6 , 7 et 8 ) ont également repris ou fait référence à cette prétendue disparition. Ces relais ont contribué à amplifier la fausse information, suscitant un vif débat au sein de la communauté numérique ivoirienne.
Plusieurs internautes ont commenté en croyant à la véracité du communiqué, exprimant inquiétude et spéculations sur une supposée “disparition” du général. Ci-dessous des commentaires sous le post du compte Facebook ‘ ’ Henri Soma’’ :
VÉRIFICATION
Les recoupements effectués par l’Agence ivoirienne de presse (AIP) montrent, au moment de la mise en ligne de cet article, qu’ aucun canal officiel de communication du gouvernement ivoirien, notamment l’État-major général des armées, le ministère d’État, ministère de la Défense et aucun média crédible, n’a confirmé cette fausse information. Par ailleurs, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC), via la page Facebook ‘’ Alertes 100 ‘’ ont démenti cette fausse information dans un communiqué publié sur leurs canaux officiels.
Les rumeurs s’appuient toutefois sur un fait bien réel : le 27 octobre 2025, un hélicoptère MI-24D de l’armée ivoirienne a connu une panne technique à Korhogo, dans le nord du pays.
Dans un communiqué officiel, le chef d’État-major général des armées, le général de corps d’armée Lassina Doumbia, a expliqué que l’appareil “a fait l’objet d’une panne technique au décollage, sur la piste de l’aéroport de Korhogo” avant d’effectuer “un posé d’urgence”.
Aucune mention n’a été faite de la présence du général Chérif Ousmane à bord de l’aéronef. L’incident s’est limité à une défaillance mécanique lors d’un vol d’entraînement de routine.
Les rumeurs, qui s’appuient sur ce fait bien réel du 27 octobre 2025, sont pourtant fortement contredites par la présence effective du général Chérif Ousmane, le 6 novembre 2025, à la cérémonie d’hommage national rendue au sous-lieutenant de Gendarmerie Lassina Daniogo, décédé le lundi 20 octobre 2025 lors d’une mission commandée de patrouille de sécurisation, dans le contexte des tensions liées à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025.
Une cérémonie à laquelle le reporter de l’AIP présent sur les lieux a confirmé la présence effective du chef d’État-major de l’armée de terre.
On aperçoit d’ailleurs le général Chérif Ousmane dans une vidéo publiée par la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) sur YouTube, à 1 minute 30 secondes, assistant à la cérémonie aux côtés d’autres officiers supérieurs.
Ces éléments suffisent à écarter toute hypothèse de disparition ou d’absence prolongée du général.
L’analyse des profils ayant diffusé la fausse nouvelle montre qu’ils sont pour la plupart affiliés ou proches des milieux favorables à l’Alliance des États du Sahel (AES), notamment du Burkina Faso. Cette tendance, observée dans plusieurs campagnes de désinformation, laisse entrevoir une volonté de créer la confusion et d’affaiblir la cohésion interne de l’armée ivoirienne, dans un contexte où les relations diplomatiques entre Abidjan et Ouagadougou demeurent tendues.
CONCLUSION
Le communiqué attribuant une “disparition” au général de brigade Chérif Ousmane est une pure invention. Les autorités militaires ivoiriennes, appuyées par l’ANSSI et la PLCC, ont formellement démenti cette rumeur, qui s’inscrit dans une stratégie de désinformation s’appuyant sur un fait réel et visant à déstabiliser les institutions militaires et semer la méfiance au sein de l’opinion publique.
Les internautes sont invités à vérifier les sources d’information avant de partager toute publication, surtout lorsqu’elle concerne des sujets sensibles liés à la sécurité nationale.
(AIP)
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