Abidjan, 15 déc 2025 (AIP) – Les pays africains sont appelés à renforcer leur souveraineté sanitaire à travers un financement de la santé mieux structuré, fondé sur des données fiables et piloté par les États, ont estimé lundi 15 décembre 2025, des experts et décideurs réunis à Abidjan à l’occasion d’un atelier régional à Abidjan.
Cette rencontre, initiée par Africa CDC en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et Statafric, se tient du 15 au 18 décembre 2025 et réunit une quarantaine de participants.
Les travaux rassemblent des représentants des ministères de la Santé, des instituts nationaux de statistique et des équipes en charge des Comptes de la Santé de huit pays membres de l’UEMOA.
L’atelier vise à améliorer la production, l’alignement et l’utilisation des données de financement de la santé, en particulier les dépenses directes des ménages, afin d’éclairer la prise de décision publique et de réduire la dépendance aux financements extérieurs.
Selon Africa CDC, bien que les dépenses de santé en Afrique aient augmenté de plus de 165 % entre 2000 et 2022, le continent ne représente encore qu’environ 1,4 % des dépenses mondiales de santé, alors qu’il supporte une charge élevée de morbidité. Cette situation souligne la nécessité pour les pays africains de mobiliser davantage de ressources domestiques et d’en améliorer l’allocation, sur la base de données robustes et harmonisées.
Par visioconférence, le directeur général d’Africa CDC, Dr Jean Kaseya, a affirmé que « la sécurité sanitaire ne peut être assurée sans des systèmes de santé solidement financés, avec des ressources sécurisées et pilotées par les pays eux-mêmes ». Il a insisté sur l’urgence de dépasser la dépendance excessive aux financements extérieurs au profit d’une mobilisation plus stratégique des ressources nationales.
Ouvrant les travaux, le directeur général du ministère de la Santé de Côte d’Ivoire, le professeur Mamadou Samba, a mis en exergue le rôle central de la qualité des données dans la prise de décision en santé publique. Il a souligné que la digitalisation des systèmes d’information sanitaire constitue un levier majeur pour fiabiliser les données financières et sanitaires, tout en améliorant l’efficience des dépenses de santé.
Les échanges ont porté notamment sur l’alignement méthodologique entre les enquêtes ménages et les Comptes de la Santé, l’institutionnalisation de ces processus au niveau national, ainsi que le renforcement de la collaboration entre les ministères de la Santé et les instituts nationaux de statistique.
Présentée comme une phase pilote au sein de l’espace UEMOA, cette initiative ambitionne d’être progressivement étendue à l’ensemble des États membres de l’Union africaine, dans l’objectif de doter le continent de systèmes d’information financière en santé capables de soutenir durablement la souveraineté sanitaire.
(AIP)
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