dimanche, décembre 28

(Par Jean Cyrille Ouattara/ Coll/Benjamin Bassolé)

Abidjan,  28 déc 2025 (AIP) – La rencontre entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun, prévue ce dimanche 28 décembre 2025 pour le compte de la deuxième journée de la poule F de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 au Maroc, dépasse largement le cadre sportif. Depuis près de deux décennies, les deux nations entretiennent une rivalité marquée, nourrie par des confrontations sur les terrains de football, mais aussi dans les sphères culturelle, médiatique et même symbolique.

4 septembre 2005 : l’acte fondateur d’une rivalité moderne

Le 4 septembre 2005 reste un tournant majeur dans l’histoire des confrontations ivoiro-camerounaises. Ce jour-là, au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Plateau, les Éléphants s’inclinent face aux Lions indomptables (3-2) lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2006, malgré un doublé de Didier Drogba.
Cette défaite ivoirienne est vécue comme un traumatisme national, d’autant plus marquant qu’elle survient après une déclaration restée célèbre de Samuel Eto’o avant le match.

« Je vais faire dormir tous les Ivoiriens à 18 heures ». Bien que la Côte d’Ivoire finisse par se qualifier pour le Mondial allemand, les esprits restent durablement marqués. Pour de nombreux observateurs, ce match est encore qualifié de « deuil sportif ».

Quinze ans plus tard, le 5 septembre 2020, Didier Drogba commémore cet épisode sur son compte X (ex-Twitter), évoquant un moment de souffrance collective, tout en rendant hommage au sélectionneur Henry Michel et à un fervent supporter surnommé « Monsieur le maire ». Un message empreint de résilience, résumé par cette phrase : « Il fallait souffrir pour sourire demain ».

Drogba–Eto’o : une rivalité devenue symbole continental

Au-delà des équipes nationales, la rivalité Côte d’Ivoire–Cameroun s’est longtemps cristallisée autour de deux figures emblématiques du football africain : Didier Drogba et Samuel Eto’o. Leur duel pour la suprématie continentale a rythmé les années 2000.

Entre 2003 et 2005, Eto’o domine la scène africaine en remportant le Ballon d’Or africain, avant que Drogba ne lui ravisse le trophée en 2006, puis à nouveau en 2009. En 2010, Eto’o retrouve le sommet. Ce bras de fer individuel a nourri des débats passionnés des deux côtés, chaque nation revendiquant « le meilleur joueur de l’histoire africaine ».

Cette rivalité s’est parfois exprimée dans les mots. Dans un podcast enregistré en septembre 2024, Samuel Eto’o déclarait : « Didier est un grand joueur, mais moi, je suis le patron ». Une sortie à laquelle Drogba oppose une vision plus fédératrice, rappelant que l’essentiel réside dans l’héritage commun laissé au football africain.

CAN 2021 : quand la rivalité se durcit

La Coupe d’Afrique des Nations 2021, organisée au Cameroun, marque un durcissement notable des tensions. L’hymne national ivoirien est hué par une partie du public, tandis que des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des actes hostiles envers le drapeau ivoirien après l’élimination des Éléphants.

Dans le même temps, des internautes ivoiriens accusent le Cameroun de tricherie, notamment lors d’un match contre les Comores. Face à cette escalade verbale, Samuel Eto’o, devenu président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), appelle publiquement au respect mutuel, soulignant la nécessité de préserver l’image du football africain.

Une rivalité qui déborde le cadre sportif

Au fil des années, le duel ivoiro-camerounais s’est étendu à d’autres domaines. Culturellement et médiatiquement, les échanges entre artistes, influenceurs et supporters des deux pays entretiennent une compétition parfois taquine, parfois tendue. Sur le plan symbolique, les liens familiaux et sentimentaux – à l’image du mariage de Samuel Eto’o avec une Ivoirienne ou de relations médiatisées entre célébrités des deux pays – ajoutent une dimension singulière à cette rivalité qualifiée par certains de confrontation entre « belles-familles ».

CAN 2025 : un nouveau chapitre très attendu

C’est dans ce contexte chargé d’histoire que la Côte d’Ivoire et le Cameroun se retrouvent ce dimanche au Maroc. Enjeu sportif majeur dans la poule F, cette rencontre pourrait déjà peser lourd dans la course à la qualification pour les phases à élimination directe.

Au-delà des points, ce match est attendu comme un nouveau chapitre d’une rivalité vieille de vingt ans, où chaque duel ravive souvenirs, fierté nationale et désir de suprématie régionale. Sur la pelouse marocaine, Éléphants et Lions indomptables auront l’occasion d’écrire une nouvelle page d’une histoire commune faite de tensions, de respect et de passion partagée pour le football africain.

(AIP)

jco/bsb/cmas

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