Abidjan, 28 déc 2025 (AIP) – Les Guinéens se rendent aux urnes, dimanche 28 décembre 2025, pour élire leur président, quatre ans après le coup d’État du 5 septembre 2021 qui a porté au pouvoir une junte militaire dirigée par le général Mamadi Doumbouya, candidat et grand favori du scrutin.
Près de 6,8 millions d’électeurs sont appelés à voter entre 7 h et 18 h dans 23 662 bureaux de vote à travers le pays pour départager neuf candidats, dont le général Doumbouya, âgé de 41 ans. Il s’agit de la première élection présidentielle depuis la prise du pouvoir par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Dès l’ouverture des bureaux de vote, un afflux continu d’électeurs a été observé dans certains quartiers de Conakry, notamment à Boulbinet, dans le centre-ville, où doit voter le chef de la junte.

Le vote se déroule toutefois dans un climat politique tendu, marqué par l’exclusion des principales figures de l’opposition.
L’ancien président Alpha Condé, renversé en 2021, ainsi que les ex-Premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, tous en exil, n’ont pas été autorisés à se présenter. L’opposition a dénoncé une « mascarade électorale » et appelé au boycott du scrutin.
Un important dispositif de sécurité a été déployé sur l’ensemble du territoire, en particulier dans la capitale. Les autorités ont décrété des mesures exceptionnelles, notamment la fermeture des frontières terrestres et maritimes, la suspension du trafic aérien le jour du vote, ainsi que l’interdiction de la circulation des engins roulants non autorisés.
Les forces de sécurité ont par ailleurs annoncé avoir « neutralisé » des membres d’un groupe armé dans la banlieue de Conakry, accusés de préparer des actions « subversives ».
Les Nations unies ont déploré, vendredi, une campagne électorale entachée « d’intimidations » visant des membres de l’opposition, dans un contexte marqué par des arrestations, des suspensions de partis et des restrictions des libertés publiques.
Selon les analystes, l’un des principaux enjeux du scrutin reste le taux de participation. « En l’absence des principaux opposants, la présidentielle vise surtout à confirmer le pouvoir du général Doumbouya », estime Gilles Yabi, directeur du think tank ouest-africain Wathi. Kabinet Fofana, analyste politique à Conakry, souligne également que la mobilisation des électeurs constituera un indicateur clé de la crédibilité du processus.
Cette élection intervient après l’adoption, fin septembre, d’une nouvelle Constitution lors d’un référendum boycotté par l’opposition, mais dont la participation officielle a été annoncée à 91%. Le nouveau texte autorise les membres de la junte à se présenter aux élections et porte la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, renouvelable une fois.
Les résultats provisoires du scrutin sont attendus dans les 48 heures suivant la clôture du vote, selon la Direction générale des élections (DGE). Le scrutin guinéen, organisé le même jour que les élections en Centrafrique, clôt une année électorale dense en Afrique, marquée par la persistance de régimes autoritaires et l’exclusion de nombreux opposants politiques.
(AIP)
cmas