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Côte d’Ivoire-AIP/ Élections 2025 : une table ronde analyse l’usage accru de la désinformation en ligne

Côte d’Ivoire-AIP/ Élections 2025 : une table ronde analyse l’usage accru de la désinformation en ligne

Par RAYMOND DIBI / 11 décembre 2025 à 16:30 / il y a 6 jours / Temps de lecture : 4 min / 36 vues

Abidjan, 11 déc 2025 (AIP) – Des experts des médias, acteurs du numérique et partenaires institutionnels ont analysé, mardi 9 décembre 2025 à Cocody-Riviera Bonoumin, la progression des contenus manipulés observée pendant l’élection présidentielle d’octobre 2025, lors d’une table ronde organisée dans le cadre de la Semaine de l’Union européenne.

Selon la spécialiste en analyse de données à Code for Africa, Vanessa Manessong, l’essor des réseaux sociaux et des outils d’intelligence artificielle a facilité la production rapide de textes, images ou vidéos fabriqués. Elle a indiqué que la circulation des contenus est amplifiée par la viralité algorithmique, la création de comptes multiples et l’anonymat sur les plateformes.

Les analyses présentées montrent une hausse de la diffusion de contenus trompeurs durant le cycle électoral. Sur Facebook, principal réseau utilisé en Côte d’Ivoire, des images et vidéos altérées ont circulé largement. Sur X, le volume de publications liées au scrutin a augmenté. Les intervenants ont relevé le rôle des formats courts provenant de TikTok, souvent repris et modifiés avant d’être diffusés sur d’autres réseaux.

Les participants ont cité plusieurs procédés utilisés : faux résultats attribués à des médias reconnus, rumeurs d’ingérence, deepfakes, photos manipulées ou vidéos sorties de leur contexte. Certaines séquences partagées comme liées aux élections ivoiriennes ont été identifiées comme provenant d’autres pays ou d’archives. Des comptes anonymes et réseaux coordonnés ont renforcé la diffusion par automatisation, copie répétée ou modification du contexte initial.

Les échanges ont également évoqué l’influence des algorithmes de recommandation, qui proposent des contenus susceptibles de provoquer peur ou indignation. Certains créateurs contournent les filtres des plateformes en modifiant des termes sensibles ou en utilisant du nouchi. Les intervenants ont noté la multiplication de vidéos incitant à des réactions immédiates, notamment celles appelant des parents à retirer leurs enfants des écoles en lien avec des rumeurs non vérifiées.

Les cas documentés en 2025 incluent la montée de médias en ligne récents ayant diffusé des contenus polarisants, ainsi que des faux communiqués publiés par des sites étrangers annonçant un report du scrutin. Des campagnes coordonnées ont utilisé des hashtags tels que « Non au quatrième mandat », « Trop c’est trop » ou « Rumeurs de coup d’État » pour amplifier certaines narrations.

Des incidents locaux ont aussi été présentés à tort comme des affrontements politiques, alimentant la confusion. Des vidéos d’altercations ordinaires ont été réutilisées pour évoquer des troubles liés au scrutin.

S’exprimant pour l’Union européenne, Marina Borovac et Stéphanie Aguetti ont indiqué que la préservation de l’intégrité de l’espace numérique constitue une priorité, et ont réaffirmé le soutien aux initiatives visant à renforcer l’accès à une information fiable.

La rencontre avait pour objectif d’examiner les récits en ligne liés à l’élection, d’évaluer les mécanismes favorisant la manipulation de contenus et d’identifier des pistes d’action communes. Les recommandations portent sur la formation des professionnels des médias, la collaboration entre institutions, plateformes et organisations civiles ainsi que le développement d’outils d’éducation aux médias adaptés au contexte local.

Une trentaine de représentants des médias, de la société civile, du milieu académique et de partenaires diplomatiques ont pris part à la rencontre.

(AIP)

rd/haa