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Abidjan, 17 août 2025 (AIP) – Le président sortant du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a affirmé que « l’État de droit est le nouvel or de l’Afrique », appelant les pays du continent à renforcer leurs systèmes judiciaires et à promouvoir une gouvernance audacieuse afin de libérer la prospérité.

S’exprimant le vendredi 15 août lors de la clôture de la Conférence annuelle 2025 de la Société du barreau du Kenya, dans la ville côtière de Diani, en présence de plus de 1 200 avocats, juges et responsables gouvernementaux, M. Adesina a insisté sur le lien entre indépendance judiciaire, bonne gestion des finances publiques et croissance économique durable.

« Lorsque l’Afrique défendra l’État de droit, le monde sera à ses côtés », a-t-il déclaré, estimant que la véritable richesse du continent réside autant dans ses ressources naturelles que dans sa capacité à les gérer de manière transparente et équitable.

Face au déficit annuel de 100 milliards de dollars d’investissements directs étrangers et aux vulnérabilités liées à la dette, le président de la BAD a dénoncé les pratiques prédatrices des fonds vautours, qui exploitent la faiblesse des systèmes juridiques africains.

Il a exhorté les pays à renforcer l’indépendance des juridictions, à réformer les lois sur les ressources naturelles pour en faire bénéficier les populations, à créer des fonds souverains pour les générations futures et à développer des systèmes africains d’arbitrage.

« La justice n’est pas un produit dérivé du développement — elle en est le fondement », a souligné M. Adesina, appelant les acteurs du monde judiciaire à devenir des « gardiens de la promesse et intendants de la destinée » en veillant à l’application des garanties constitutionnelles en matière de finances publiques.

Il a également invité les barreaux africains à promouvoir l’éthique, l’adoption des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), la digitalisation des tribunaux et la protection des actifs nationaux contre les pratiques d’endettement prédatrices.

La BAD soutient déjà plusieurs pays dans ces réformes. Au Rwanda et en Côte d’Ivoire, la modernisation des tribunaux commerciaux a réduit de moitié les délais de règlement des litiges, libérant plus d’un milliard de dollars d’investissements. Aux Seychelles, une réforme constitutionnelle exige l’approbation parlementaire de tout emprunt souverain, tandis qu’au Kenya, la surveillance parlementaire des marchés publics et de la dette contribue à sécuriser les finances publiques.

La conférence, axée sur la gouvernance, la gestion des finances publiques et la digitalisation des systèmes judiciaires, a réuni de hautes personnalités kényanes dont la juge en chef Martha Koome, la présidente de la Société du barreau Faith Odhiambo et le gouverneur de Mombasa Abdulswamad Nassir.

« Faisons un choix que l’histoire retiendra et dont les générations se souviendront. En tant qu’avocats, juges et gardiens de la loi, je vous exhorte à défendre l’État de droit, à rendre la justice avec équité et droiture », a conclu M. Adesina qui quittera la présidence de la BAD fin septembre, pour passer le relais au Mauritanien Sidi Ould Tah, élu le 29 mai en tant que 9e président de la banque panafricaine, lors des assemblées annuelles tenues à Abidjan du 26 au 30 mai.

(AIP)

cmas

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