mercredi, octobre 8

Agboville, 08 oct 2025 (AIP) – À quelques semaines de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, Agboville s’impose comme un exemple d’engagement collectif pour la paix, la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Dans cette ville-carrefour au cœur de la région de l’Agnéby-Tiassa, jadis marquée par des tensions politiques, autorités administratives, leaders traditionnels, femmes, jeunes, religieux et élus se mobilisent pour garantir un scrutin apaisé et préserver l’unité. Cette dynamique locale, nourrie par des initiatives multiples, traduit une volonté de tourner résolument la page des divisions et d’installer durablement une culture de concorde.

Le préfet du département, Sihindou Coulibaly

Le préfet en première ligne

Le préfet du département, Sihindou Coulibaly, a donné une impulsion forte à cette mobilisation. Dans chacun de ses discours officiels, il martèle que la paix est « le socle de tout développement » et invite les populations à en être les garantes. À l’occasion de la célébration du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance, il a exhorté les habitants d’Agboville à « poursuivre les efforts pour maintenir la cohésion sociale et le vivre-ensemble », condition indispensable pour l’avenir de la région.

Du 15 au 23 septembre 2025, le préfet d’Agboville a initié une vaste tournée de sensibilisation dans les 11 sous-préfectures du département, accompagné de responsables administratifs et du Médiateur délégué régional. L’objectif est de rapprocher l’administration des populations et leur transmettre un message clair. « Aller à des élections ne doit pas être un moment de palabres, mais un moment de fraternité », a-t-il déclaré à Céchi, première étape de son périple.

Le préfet a également insisté sur la responsabilité des chefs traditionnels dans la régulation sociale. À travers une formation ayant pour thème « Attribution du statut de chef de village à l’épreuve des élections présidentielles », Sihindou Coulibaly leur a rappelé leur mission de neutralité, de maintien de l’ordre, de sensibilisation au civisme électoral et d’accompagnement d’après-scrutin. Selon l’autorité locale, « un chef doit œuvrer à l’apaisement et rendre compte fidèlement du déroulement du vote ».

Des femmes de l’église Pentecôte internationale d’Agboville ont prié pour la paix

Les femmes, ambassadrices de paix

Les organisations féminines, souvent en première ligne lorsqu’il s’agit de préserver la quiétude des foyers, se sont mobilisées avec détermination. L’Association des femmes entreprenantes de l’Agnéby-Tiassa, présidée par Inès Obodji, et l’Association des femmes unies du Château ont organisé des rencontres de sensibilisation pour inciter au dialogue et rejeter toute manipulation politique.

Mme Obodji a invité les membres à être des relais de paix dans leurs familles et leurs quartiers, rappelant que les élections sont une fête de la démocratie et non une source de division. « Chacun de nous a un rôle à jouer pour que ces élections soient un moment d’unité et non de discorde », a déclaré la présidente de l’Association des femmes entreprenantes de l’Agnéby-Tiassa.

Dans la même veine, les femmes des communautés chrétiennes locales, notamment de l’Église pentecôte internationale et de l’Église baptiste Œuvres et Mission internationale, ont multiplié les prières pour que la Côte d’Ivoire traverse cette période sensible dans la sérénité. Ces mobilisations spirituelles, qui ont rassemblé plusieurs centaines de fidèles, illustrent la volonté de placer le scrutin sous le signe de la concorde.

La jeunesse, actrice de cohésion

Si la jeunesse a parfois été instrumentalisée lors de crises électorales passées, celle d’Agboville entend aujourd’hui prendre le contre-pied. Dans la sous-préfecture de Grand-Morié, les jeunes ont publiquement renouvelé leur engagement à être des vecteurs de paix. « Nous voulons ici réaffirmer notre engagement à participer activement à la sensibilisation de nos camarades pour que la jeunesse soit un acteur de paix et non un instrument de trouble. Vous pouvez compter sur nous pour relayer le message de cohésion dans chaque village, quartier et campement », a déclaré le porte-parole des jeunes de Grand-Morié, Aka Boni Désiré, lors d’une cérémonie de sensibilisation initiée par le préfet d’Agboville, Sihindou Coulibaly.

À l’échelle communale, l’Union de la jeunesse communale d’Agboville (UJCA), présidée par Edi N’Cho, encourage la jeunesse à faire preuve de maturité et à transformer le scrutin en modèle de citoyenneté. « Notre engagement citoyen, c’est notre force », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d’une mobilisation dans « le calme et la lucidité ».

Pour accompagner cette dynamique, l’Association paix Côte d’Ivoire (APCI), présidée par Kéita Moussa, a lancé des programmes de formation visant à outiller les jeunes en techniques de médiation et de sensibilisation.

Des guides religieux prient pour la paix

Les leaders religieux, unis pour la paix

Les guides religieux d’Agboville, regroupés au sein du Forum des guides religieux, jouent un rôle central dans cette campagne d’apaisement. Prières interconfessionnelles, prêches et sermons thématiques se multiplient, tant dans les mosquées que dans les églises.

L’imam central, El hadj Diarra Ibrahim Khalilou, exhorte régulièrement ses fidèles à « faire de la paix la denrée la plus recherchée » et à éviter toute provocation. Pour lui, la stabilité du pays est un héritage qu’il faut préserver jalousement.

De leur côté, les pasteurs et prêtres locaux rappellent la vocation de la Côte d’Ivoire à rester une terre de concorde. « Nous implorons le Ciel pour que les événements à venir se déroulent dans la paix », a souligné Mgr Alexis Touably Youlo, président du Forum.

Le préfet, présent à certaines de ces cérémonies, a salué ces rassemblements interconfessionnels, symbole d’unité et de fraternité à la veille d’une échéance électorale cruciale.

Cadres et élus locaux mobilisés

Les élus et cadres d’Agboville ont également pris part à l’effort collectif. Le premier adjoint au maire, Touré Yacouba, a appelé les journalistes locaux à « contribuer à la cohésion sociale par leurs productions médiatiques », rappelant l’influence décisive de la presse dans la diffusion des messages politiques.

Le président du conseil régional de l’Agnéby-Tiassa, Pierre Dimba, a insisté sur la corrélation entre paix et développement. Selon lui, la poursuite des projets structurants dans la région – infrastructures routières, équipements sanitaires, initiatives agricoles – dépend largement de la stabilité sociale. « Chacun doit être un acteur de paix par sa parole, son comportement et ses pensées », a-t-il exhorté, saluant la mobilisation multiforme déjà observée sur le terrain.

Le président du conseil régional de l’Agnéby-Tiassa, Pierre Dimba

Une dynamique collective au service de la nation

À Agboville, la mobilisation pour des élections apaisées transcende les clivages politiques, sociaux ou religieux. Les discours, les prières, les formations et les engagements convergent tous vers un même objectif : éviter les erreurs du passé et inscrire la cité dans une trajectoire de stabilité durable.

Cette synergie est d’autant plus remarquable que l’Agnéby-Tiassa, région stratégique proche d’Abidjan, est souvent considérée comme un baromètre de la cohésion nationale. En donnant l’exemple d’un engagement collectif, Agboville envoie un message fort au reste du pays : la paix n’est pas seulement un idéal, elle est une construction quotidienne, faite d’actes concrets et de volonté partagée.

À l’approche du scrutin du 25 octobre, l’ensemble des acteurs locaux entend maintenir cette mobilisation. Car au-delà de l’échéance électorale, c’est l’avenir du vivre-ensemble qui se joue, et Agboville veut en rester un modèle.

(AIP)

Ena/kp

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