mercredi, octobre 29

Réalisée par Dogad Dogoui AIP Gagnoa

Gagnoa, 29 oct 2025 (AIP) – Acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) après six années de détention, Charles Blé Goudé, président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), de passage dans sa ville natale, Guibéroua, à l’occasion de la campagne présidentielle aux côtés de la candidate Simone Ehivet Gbagbo, a accordé un entretien à l’AIP, évoquant à la fois sa vie après La Haye et sa vision de l’amitié dans les épreuves.

AIP : Comment allez-vous aujourd’hui, M. Blé Goudé ?
Charles Blé Goudé (CBG) : Je vais bien et mon parti, le COJEP, se porte bien aussi. Nous sommes en pleine campagne pour expliquer aux populations pourquoi elles doivent voter le 25 octobre et accorder leurs suffrages à Mme Simone Ehivet Gbagbo.

AIP : Vous recevez ici, à Guibéroua, la délégation de votre candidate dans une villa imposante. Cela doit être une fierté d’avoir une telle maison dans sa ville natale ?
CBG : Je dois tout à mes amis. Ceux avec qui j’ai fait le lycée et l’université. Pendant que j’étais incarcéré à La Haye, dès qu’ils ont pressenti ma libération, ils se sont organisés. Ils ont acheté un terrain ici à Guibéroua et ont construit cette maison. Ils étaient quinze au départ, ils sont aujourd’hui une vingtaine.

AIP : Combien de temps a duré la construction ?
CBG : Les travaux ont commencé en 2018, et je suis arrivé en 2022. Quand je suis revenu, je ne savais même pas où j’allais loger. Vous savez, ce qui est précieux se protège. Alors je garde l’anonymat de mes amis. Et au-delà de cette maison, ils se cotisent chaque mois pour que je vive, car mon compte bancaire est toujours bloqué.

AIP : Comment vivez-vous cette situation ?
CBG : Beaucoup pensent que j’ai tourné la page, mais non. Je traverse encore une période difficile. Derrière chaque sourire, il y a une douleur. C’est dur, très dur. Mais c’est dans ces moments qu’on découvre la vraie amitié. Ces amis-là ne sont pas des amis de saison, mais des amis de conviction.

AIP : Certains affirment que cette maison serait un don du pouvoir. Que leur répondez-vous ?
CBG : Ce sont des légendes qu’on construit autour des leaders. Je l’ai dit : je n’ai pas de prix, j’ai de la valeur. Le pouvoir ne me donne pas d’argent, sinon mon compte ne serait pas bloqué. Le pouvoir me radie de la liste électorale, bloque mon compte, ne me gracie pas… et on dit qu’il me finance ? Ce serait contradictoire, vous ne croyez pas ?

AIP : Ce type de rumeurs ne date pas d’hier…
CBG : Oui, déjà sous le président Gbagbo, on me prêtait des stations-service, des immeubles. Pourtant, depuis mon retour, plus rien. Une station-service, ça ne fond pas. Mais je n’en ai jamais vu une à mon nom. C’est aussi ça, être un leader : accepter qu’on parle de vous, en bien ou en mal.

AIP : Une maison comme celle-ci nécessite des moyens. Travaillez-vous actuellement ?
CBG : Non, et je comprends que cela étonne. Mais c’est possible. J’ai une équipe d’une vingtaine d’amis qui connaissent ma situation et m’aident. Ils se cotisent chaque mois. Même mes billets d’avion sont pris en charge par eux, à tour de rôle. D’autres amis, en Afrique, me soutiennent aussi.
Je suis communicateur de métier, mais qui, aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, pourrait m’embaucher comme chargé de communication ? Personne. Alors je vis ainsi. Je ne peux pas répondre à toutes les rumeurs, ni empêcher les gens de me haïr. Je continue simplement de travailler pour mon pays.

AIP : Quel message souhaitez-vous adresser à la jeunesse au sujet de l’amitié ?
CBG : Qu’elle retienne ceci : il y a des amis de saison, des amis de raison et des amis de conviction. C’est dans les moments de traversée du désert qu’on découvre les vrais amis. Quand vous êtes au sommet, vos amis vous voient. Mais quand vous êtes dans la vallée, vous voyez vos amis. Moi, dans la vallée, j’ai vu les miens.

AIP : Et ces amis-là existent encore ?
CBG : Oui, ils sont là. Ceux qui s’éloignent dans les moments difficiles n’ont jamais vraiment été vos amis. Je me concentre sur ceux qui m’aiment et apprécient mes actions. Quant aux autres, je me dis que les pierres qu’ils me lancent, je les utiliserai pour bâtir mon piédestal.

AIP : Qu’en est-il de vos relations avec Damana Pickass et Stéphane Kipré ?
CBG : Damana est mon ami. Nous avons fait le lycée classique ensemble, la cité universitaire de Yopougon, la FESCI. Notre amitié est née dans la difficulté. C’est un frère. Avec Stéphane Kipré, je n’ai pas de relation particulière.

(AIP)

kp

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