Abidjan, 11 déc 2025 (AIP) – Le dernier rapport du « Profil Genre Côte d’Ivoire », présenté mercredi 10 décembre au ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE), met en lumière la persistance d’importantes inégalités de genre dans l’accès aux services juridiques, sociaux, institutionnels, sécuritaires et économiques, malgré une baisse de l’incidence de la pauvreté de 44 % en 2015 à 39,4 % en 2018.
Fruit d’une collaboration entre le MFFE, ONU-Femmes et la Banque africaine de développement (BAD), ce document actualisé fournit des données désagrégées permettant d’apprécier l’évolution de l’égalité de genre dans plusieurs secteurs clés.
Au plan juridique, le rapport relève que le cadre légal est en place, mais que la mise en application des lois progresse lentement, freinée par des normes sociales défavorables aux femmes. Sur le plan institutionnel, les indicateurs montrent une sous-représentation persistante des femmes qui occupent 22,58 % des postes gouvernementaux, 13,33 % des sièges à l’Assemblée nationale et moins de 8 % des mairies. L’Indice d’égalité du genre en Afrique (0,153) reste jugé « très faible ».
Le secteur sécuritaire affiche quelques avancées, avec la présence de femmes dans la gendarmerie, la police et l’armée, mais les effectifs demeurent marginalement féminins. Les femmes représentent moins de 10 % des postes de responsabilité dans la police et seulement 4 % des effectifs déployés dans les opérations de paix.

Sur le plan économique, les disparités restent marquées. Les femmes demeurent majoritaires dans les très petites entreprises (72,6 %) et quasi absentes des grandes entreprises (4,6 %). Leur accès au crédit reste limité et les écarts de revenus persistent. Le salaire moyen féminin (78 541 FCFA) demeure nettement inférieur à celui des hommes (128 016 FCFA).
En matière d’éducation, les progrès observés au primaire s’atténuent au secondaire et au supérieur, où les filles sont moins nombreuses, notamment dans les filières scientifiques et technologiques (29,3 %). Le rapport note également des disparités en alphabétisation et des taux d’achèvement encore faibles au secondaire.
Dans le domaine de la santé, les indicateurs s’améliorent, notamment la mortalité maternelle et infantile. Toutefois, des obstacles d’accès aux services subsistent, alimentés par des normes sociales et des difficultés dans l’accès des femmes à la propriété foncière.
Le chômage touche davantage les femmes (3,7 % contre 2,4 %), particulièrement en zone urbaine.
Le directeur de cabinet du MFFE, Moussa Diarrassouba, a appelé l’ensemble des acteurs publics et communautaires à s’approprier les données du rapport « pour les transformer en actions concrètes et en progrès mesurables dans la vie des femmes et des hommes ».
(AIP)
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