Abidjan, 08 oct 2025 (AIP) – À quatre jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre au Cameroun, Reporters sans frontières (RSF) dresse un bilan alarmant de la situation de la liberté de la presse dans ce pays, dénonçant “42 années terribles pour la presse” sous le régime du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Dans un communiqué publié le mercredi 8 octobre 2025, l’organisation internationale de défense de la liberté de la presse revient sur “dix entraves majeures” à l’exercice du journalisme, illustrant “la gravité de la situation en matière de liberté de la presse” au Cameroun.
“Cinq journalistes tués, un autre détenu arbitrairement depuis neuf ans, un organe de régulation inféodé au pouvoir, des délits de presse toujours passibles de prison… Les 42 années au pouvoir du président Biya sont sombres pour la presse”, déplore la directrice éditoriale de RSF, Anne Bocandé, appelant le futur président à faire de la liberté de la presse “une priorité nationale”.
RSF cite notamment l’assassinat du journaliste Martinez Zogo en janvier 2023, dont le procès se poursuit à Yaoundé, ainsi que la mort en détention en 2019 de Samuel Wazizi, après son arrestation pour avoir critiqué la gestion de la crise anglophone. L’organisation évoque aussi la détention arbitraire d’Amadou Vamoulké, ancien directeur de la CRTV, condamné à un total de 32 ans de prison après près de sept ans de détention préventive.
L’ONG dénonce en outre la censure imposée autour de la santé du président Biya, des sanctions répétées du Conseil national de la communication (CNC) contre les médias critiques, ainsi que l’usage de lois liberticides, dont la loi antiterroriste de 2014, pour museler les journalistes.
RSF relève également l’impunité persistante dans les assassinats de journalistes, comme celui d’Anye Nde Nsoh en 2023, les pressions exercées sur la chaîne Équinoxe TV, et les restrictions accrues imposées à la presse à l’approche du scrutin présidentiel.
Le Cameroun occupe en 2025 la 131e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, en recul de 48 rangs par rapport à 2005. L’organisation considère le pays comme “l’un des plus dangereux d’Afrique” pour les professionnels des médias.
(AIP)
cmas