Abengourou, 16 oct 2025 (AIP) – Autrefois limitées à la vente de poissons frais et fumés, les mareyeuses d’Abengourou s’ouvrent désormais à la transformation du poisson en gâteaux, épices, boulettes et autres produits dérivés, afin d’apporter une valeur ajoutée à leur activité, a confié N’Zué Amoin Andrea Caroline, présidente des mareyeuses de l’Indénié-Djuablin, mercredi 15 octobre 2025, lors d’une formation tenue au siège de la Fédération des acteurs privés piscicoles de l’Est, à Abengourou.
Vingt femmes mareyeuses, venues de plusieurs localités de la région de l’Indénié-Djuablin, notamment Niablé, Abronamoué, Dramanekro et Abengourou, participent à cette session de formation de deux jours, initiée par WorldFish en partenariat avec le programme Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT II).
Elle vise à initier les participantes à des techniques de transformation à haute valeur ajoutée, allant au-delà des méthodes traditionnelles de fumage ou de braisage. Les apprenantes découvrent ainsi comment produire, à base de poisson, des gâteaux, croquettes, boulettes et épices naturelles, dans une perspective d’autonomisation économique des femmes rurales.
« Cette formation est une opportunité pour nous de sortir de la pauvreté. Contrairement au poisson frais ou fumé, qui coûte cher, les produits transformés comme les gâteaux ou les croquettes à base de poisson peuvent être vendus à des prix accessibles, entre 100 et 200 francs CFA. Cela élargit notre clientèle et augmente nos revenus », a expliqué N’Zué Amoin Andrea, présidente des mareyeuses de la région de l’Indénié-Djuablin, épouse N’Guessan Bi, qui assure également la formation.
Les participantes apprennent aussi des techniques spécifiques de nettoyage approfondi du poisson, visant à garantir une conservation pouvant aller jusqu’à un an. « On doit opérer le poisson pour qu’on voie l’intérieur, pour pouvoir bien nettoyer. Tel que nous allons faire, quand nous allons sécher le poisson, ça peut durer un an, sans que ça ne se gâte », a-t-elle précisé.
Parmi les innovations transmises figure le fumage mariné, qui consiste à assaisonner le poisson avec des épices naturelles avant de le fumer. Ce procédé permet d’obtenir un produit prêt à consommer, sans nécessité de cuisson. « Elle est particulièrement adaptée aux personnes souffrant d’hypertension ou de diabète, grâce à des recettes sans sel », a-t-elle ajouté, en précisant que les clients qui ont déjà expérimenté cette méthode préfèrent le poisson mariné.
Les femmes formées seront à leur tour chargées de relayer ces compétences auprès des autres mareyeuses de leurs localités respectives.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de valorisation des produits halieutiques et de renforcement de la chaîne de valeur du poisson, contribuant ainsi à l’autonomisation économique des femmes dans les zones rurales de Côte d’Ivoire.
Lancée en 2022 par la Banque africaine de développement (BAD), la deuxième phase du programme TAAT II vise à accroître la productivité et la sécurité alimentaire en Afrique en diffusant des technologies éprouvées auprès des petits exploitants. Elle ambitionne de produire 120 millions de tonnes supplémentaires de denrées alimentaires, de doubler la production agricole, animale et halieutique, et de sortir 130 millions de personnes de la pauvreté.
(AIP)
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