Abidjan, 11 nov 2025 (AIP) – Le parquet de Libreville a requis, mardi 11 novembre 2025, vingt ans de prison ferme et une amende de 100 millions de Francs CFA à l’encontre de l’ex-Première dame, Sylvia Bongo Valentin et de son fils Noureddin Bongo Valentin, poursuivis notamment pour détournements de fonds publics et blanchiment de capitaux.
Jugés par contumace devant la Cour criminelle spéciale de Libreville, les deux prévenus, en exil à Londres, ont choisi de boycotter le procès qu’ils jugent politique. Dans un entretien accordé à l’AFP, Noureddin Bongo, 33 ans, a estimé que « les conditions d’un procès juste et équitable ne sont pas réunies » et que « le sort est déjà décidé au préalable ».
Selon le procureur général près la Cour d’appel de Libreville, Eddy Minang, ce procès ouvert lundi 10 novembre vise à réparer un « braquage de la République ». Il a requis la confiscation au profit de l’État gabonais de l’ensemble des avoirs du duo mère-fils : comptes bancaires, hôtels particuliers, actifs pétroliers et miniers, ainsi qu’une cinquantaine d’entreprises, en plus du remboursement de 4,4 milliards FCFA.
Dans son réquisitoire, le magistrat a dénoncé « un duo mère-fils qui a travesti le pouvoir présidentiel » après l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo en 2018, accusant Sylvia Bongo d’avoir perçu du Trésor public 16 milliards FCFA pour ses besoins personnels. Il a également évoqué l’acquisition de jets privés, de propriétés à Londres et Marrakech, et de bijoux et œuvres d’art pour plusieurs millions de dollars.
Des témoins cités à la barre, dont l’ancien assistant personnel de Sylvia Bongo, ont décrit un train de vie fastueux financé selon eux par des fonds publics et la mise en place d’un système parallèle de transferts financiers vers l’étranger.
La défense, absente de l’audience, dénonce une « mascarade judiciaire » et rappelle avoir déposé un pourvoi en cassation contre la décision de renvoi devant le tribunal.
Arrêtés après le coup d’État du 30 août 2023 ayant renversé le président Ali Bongo Ondimba, Sylvia et Noureddin Bongo ont été détenus plus de 20 mois avant de s’exiler à Londres en mai 2025. Le gouvernement gabonais a rejeté leurs accusations de torture et qualifié leurs déclarations de « campagne d’influence visant à déstabiliser le pays ».
Le président Brice Oligui Nguema, auteur du putsch ayant mis fin à 55 ans de règne de la famille Bongo, a depuis promis de moraliser la vie publique et de rendre compte de la gestion des deniers de l’État.
(AIP)
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