mercredi, septembre 24

Abidjan, 6 août 2025 (AIP)– L’avant-première du film “Toupkê” de Charles Kouakou a été dévoilé lundi 4 août 2025 au cinéma Majestic du Sofitel Hôtel Ivoire, ce devant un parterre de ministres, chefs traditionnels et d’acteurs culturels, avec un objectif de transformer 52 minutes de fiction en rempart contre la violence électorale.

L’initiative porte la signature de la ministre-gouverneure du district autonome des Lacs, Dr Raymonde Goudou Coffie, avec comme point d’ancrage, le rappel des événements tragiques de Toumodi en 2020. Bien plus qu’une œuvre artistique, le film représente un acte de résilience collective.

“Ce film est un véhicule pour lutter contre les violences et permettre une meilleure gestion des conflits à travers les alliances interethniques”, a expliqué la ministre-gouverneure, convaincue du pouvoir mnémotechnique du cinéma. “Quand on regarde un film, on s’en souvient, on en parle, on en tire des leçons”, a-t-elle souligné.

L’ambition dépasse largement les murs du cinéma abidjanais dans la mesure où une tournée nationale est programmée, en touchant particulièrement les localités de Yamoussoukro, Guitry, Arrah, Korhogo et l’ensemble des régions du district autonome des Lacs, notamment les régions du N’zi, du Bélier et de l’Iffou. L’objectif est faire de chaque projection un moment de dialogue communautaire, a-t-on précisé.

Cette stratégie de déploiement territorial trouve un écho favorable au plus haut niveau de l’État. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, y voit une urgence démocratique. “C’est impensable qu’en 2020, des alliés se soient attaqués. Ce film est un rappel puissant de ce que nous sommes, de ce qui nous unit”, a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de revenir aux valeurs traditionnelles ivoiriennes.

Au-delà de sa dimension pacificatrice immédiate, le film “Toupkê” s’attaque à un mal plus profond qu’est la perte progressive des repères traditionnels chez les jeunes générations. La ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck, pointe du doigt cette lacune pédagogique. “Ce film met en avant des leviers importants de nos traditions qui ne sont pas toujours transmis aux jeunes générations”, a-t-elle souligné.

La ministre de la Cohésion nationale, Belmonde Dogo, a, pour sa part, confirmé ce diagnostic alarmant. “La méconnaissance des alliances interethniques chez les jeunes est à l’origine de nombreux conflits”, estime-t-elle, ajoutant que “Toupkê” va offrir une opportunité de “remettre au goût du jour ces alliances qui ont été le socle de notre paix.”

L’engagement gouvernemental sera soutenu par une diffusion télévisée qui est programmée pour démocratiser l’accès au film et amplifier son impact social. Cette approche transforme “Toupkê” en un véritable laboratoire de diplomatie culturelle préventive.

En mobilisant les codes du divertissement au service de la cohésion sociale, la Côte d’Ivoire expérimente une approche novatrice de prévention des conflits électoraux. Une leçon qui pourrait inspirer bien au-delà de ses frontières, dans un continent où la culture reste trop souvent absente des stratégies de consolidation démocratique.

Avec “Toupkê” (littéralement “la force de la tradition”), l’art cinématographique ivoirien assume pleinement sa dimension d’utilité publique, transformant les salles obscures en espaces de réconciliation nationale.

(AIP)

rd/kp

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