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Abidjan, 16 oct 2025 ( AIP)- Environ 7 285 personnes ont été identifiées en 2024 comme victimes de traite ou d’exploitation d’êtres humains en France.

Parmi elles, 4 823 ont pu être accompagnées par l’un des 44 organismes interrogés dans le cadre d’une enquête annuelle publiée  jeudi 16 octobre 2025 par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), rapporte l’Agence de presse turque (Anadolu). 

Selon les données recueillies, 89% des victimes accompagnées étaient des femmes, et 86% d’entre elles ont subi une exploitation sexuelle. Les autres formes d’exploitation recensées comprennent le travail forcé, notamment domestique (11%), l’exploitation à des fins d’activités criminelles (2%) ou encore la mendicité contrainte (1%).

Plus de la moitié des victimes majeures aujourd’hui (52%) étaient encore mineures au moment du début de leur exploitation. L’exploitation au sein même du cercle familial demeure inquiétante : près d’un tiers des victimes ont été exploitées par un membre de leur famille, et dans 44% des cas par un conjoint.

Trois victimes sur quatre ont été exploitées dans le cadre d’un réseau structuré, souvent responsable de leur transfert vers le territoire français (72 %). Dans deux tiers des cas, elles étaient hébergées par leur exploiteur, et plus d’un quart vivaient directement à son domicile.

La dépendance physique et psychologique est également utilisée comme moyen d’emprise. Ainsi, 8 % des victimes d’exploitation sexuelle souffraient d’addictions, souvent induites par les exploiteurs eux-mêmes afin de les désinhiber et de renforcer leur dépendance, souligne le rapport.

Si deux tiers des personnes accompagnées ont pu bénéficier d’un suivi médical, les professionnels de santé alertent sur les séquelles durables de ces polyaddictions. L’accès à un hébergement sécurisé reste aussi un défi : seules deux victimes sur trois ont pu être hébergées grâce aux associations.

Ces constats sont renforcés par les données officielles publiées la veille par les ministères de l’Intérieur et de la Justice, à l’occasion de la Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains. En 2024, 2 100 victimes ont été enregistrées par les services de sécurité, dont près d’un quart étaient mineures.

Côté judiciaire, 98 % des personnes poursuivies ont fait l’objet d’une réponse pénale et 64 % des procédures ont conduit à l’ouverture d’une information judiciaire. Les infractions concernent majoritairement le proxénétisme (47 %), suivi de l’exploitation par le travail (36 %) et de la traite des êtres humains proprement dite (21%).

Le phénomène reste largement national: 46% des victimes et 72% des mis en cause sont de nationalité française. Ce contraste entre les chiffres de l’administration et ceux des associations de terrain met en lumière une réalité en grande partie invisible, où les victimes restent encore trop souvent non reconnues ou mal protégées.

Si certains progrès sont notables, comme l’augmentation de 45% de la délivrance de cartes de séjour temporaires aux victimes, de nombreux défis persistent: meilleure coordination des acteurs, accès effectif à la justice, à un logement sécurisé et à des soins adaptés.

À l’approche du 18 octobre, Journée européenne consacrée à cette lutte, les associations et institutions réitèrent leur appel à un renforcement des moyens et à une politique publique plus cohérente pour faire face à l’ampleur du phénomène.

(AIP)

sdaf/cmas

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