Abidjan, 4 mai 2025 (AIP) – La baisse annoncée des prix mondiaux des produits de base pourrait temporairement freiner les pressions inflationnistes liées aux tensions commerciales, mais elle fait aussi peser de lourdes incertitudes sur les économies en développement, dont les deux tiers dépendent des exportations de ces ressources, selon la Banque mondiale.
Dans sa dernière publication Commodity Markets Outlook du 30 , l’institution de Bretton Woods prévoit une chute de 12 % des prix des produits de base en 2025, suivie d’un repli supplémentaire de 5 % en 2026. Cette tendance marquerait leur plus bas niveau depuis 2020 en valeur réelle, malgré des prix toujours supérieurs à ceux d’avant la pandémie en valeur nominale.
Ce reflux, principalement alimenté par une offre pétrolière abondante et un essoufflement de la croissance mondiale, devrait contribuer à atténuer à court terme les effets inflationnistes induits par la multiplication des barrières commerciales dans les grandes économies. Toutefois, pour de nombreux pays en développement, grands exportateurs de matières premières, ce retournement pourrait miner les recettes budgétaires, freiner les investissements publics et aggraver les vulnérabilités économiques.
« La hausse passée des prix des matières premières a offert un répit financier à de nombreux pays en développement. Mais aujourd’hui, la combinaison de prix bas et de forte volatilité constitue une menace sérieuse », prévient l’économiste en chef de la Banque mondiale, Indermit Gill. Il appelle ces pays à renforcer la discipline budgétaire, à attirer davantage de capitaux privés et à lever les obstacles au commerce.
Alors que les prix de l’énergie devraient chuter de 17 % en 2025, tirés vers le bas par la progression rapide des véhicules électriques, la baisse des prix des denrées alimentaires – estimée à 7 % – pourrait alléger la facture des importations alimentaires. Néanmoins, la Banque mondiale note que l’insécurité alimentaire reste en hausse dans 22 économies vulnérables, affectant près de 170 millions de personnes.
La Banque mondiale observe aussi une volatilité des prix sans précédent depuis les années 1970. Cette instabilité, marquée par des cycles de plus en plus courts et violents, complique la gestion macroéconomique des États fragiles. « Nous sommes probablement entrés dans une nouvelle ère, faite de chocs géopolitiques, climatiques et commerciaux à répétition », estime le directeur des perspectives économiques à la Banque mondiale, Ayhan Kose.
Dans ce contexte, l’organisation encourage les pays en développement à bâtir des marges de manœuvre budgétaires et à renforcer leurs institutions économiques pour résister aux secousses futures des marchés mondiaux.
(AIP)
kp

