Abidjan, 16 juil 225 (AIP)- La France et la Guinée équatoriale se sont affrontées, mardi 15 juillet 2025, devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’ONU (basée à la Haye), pour un nouveau chapitre dans la longue bataille juridique concernant un luxueux hôtel particulier parisien confisqué par les autorités françaises.
La Guinée équatoriale a demandé aux juges d’empêcher la vente de l’immeuble du 42 avenue Foch à Paris. Cette propriété (estimée à plus de 100 millions d’euros), qui comprend un cinéma, un hammam et des sanitaires en marbre et en or, a été confisquée par la justice française en février 2020 après la condamnation du fils du président Obiang, Teodorin Nguema Obiang, qui est aussi vice-président de Guinée équatoriale, pour blanchiment et détournement de fonds publics. Cette saisine se fait en vertu d’une loi française visant les fortunes frauduleusement acquises par des dirigeants étrangers.
Au cours de ces audiences, la Guinée équatoriale a notamment reproché à la France de vouloir vendre le 42 avenue Foch pour ses propres intérêts. Pour preuve, dit Malabo, la police est intervenue le 18 juin. Des serrures ont été changées et le portail bloqué. La France a assuré que le 42 avenue Foch ne serait pas vendu avant plusieurs mois, laissant entendre que c’est Malabo qui bloque la procédure.
L’intervention du 18 juin fait suite à une fuite d’eau signalée par le syndic, a expliqué le représentant français, Diego Colas, alors que des diplomates de la Guinée équatoriale en avaient interdit l’accès. Les locaux seraient aujourd’hui vétustes et occupés par une dizaine de personnes.
La Guinée équatoriale a soutenu depuis 2016, que le bâtiment servait d’ambassade en France et que Paris avait violé la convention de Vienne, qui protège les diplomates contre toute ingérence des Etats hôtes. Mais la CIJ avait donné raison à la France, selon laquelle le bâtiment n’était que la résidence de « Teodorin », sans vocation diplomatique. La Cour a retenu les objections de la France selon lesquelles la Guinée équatoriale n’avait tenté de le désigner comme tel qu’après le début de l’enquête sur « Teodorin », et qu’elle disposait déjà d’une ambassade à Paris.
L’ambassadeur de Guinée équatoriale à Paris, Carmelo Nvovo-Nca, accuse la France de paternalisme et de néocolonialisme.
« il est clair que la France s’est déterminée à vendre le bâtiment et a décidé unilatéralement de l’affectation des fonds provenant de sa vente. En d’autres termes, la France s’arroge le pouvoir de décider de l’utilisation des fonds publics de la Guinée équatoriale sans le consentement de cette dernière », a dénoncé M. Nvovo-Nca.
Mais le directeur juridique du Quai d’Orsay, Diego Colas, a rétorqué que selon une loi adoptée en France en 2021, les avoirs et les biens issus de la corruption, seront remis à la population équato-guinéenne au terme d’un accord avec Malabo « les discussions sont d’ailleurs en cours avec les autorités équato-guinéennes en ce qui concerne la restitution des 6,1 millions d’euros issus de la vente de biens meubles confisqués dans le cadre de la procédure pénale ».
Les avocats de la France ont donc demandé aux juges de rejeter cette requête d’urgence.
(AIP)
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