Abidjan, 24 juil 2025 (AIP) – Dans son bulletin d’actualité internationale publié le jeudi 24 juillet 2025, Reporters sans frontières (RSF) alerte sur les menaces croissantes qui pèsent sur la liberté de la presse dans plusieurs régions du monde, notamment en Europe, en Amérique latine, à Gaza, aux États-Unis et dans plusieurs régimes autoritaires.
Alors que la législation européenne sur la liberté des médias (European Media Freedom Act) entre bientôt en vigueur, RSF publie un rapport alarmant intitulé “Pressions sur les médias publics : un test décisif pour les démocraties européennes”. L’organisation y met en lumière une crise pluridimensionnelle – économique, technologique et politique – qui affaiblit les médias publics, et appelle à un sursaut des États européens pour garantir leur indépendance.
Recrudescence des violences contre les journalistes
L’Amérique latine reste l’une des régions les plus dangereuses pour les professionnels des médias. Le nombre de journalistes tués depuis le début de l’année y dépasse déjà le total enregistré en 2024. Au Mexique, près de deux journalistes sont assassinés chaque mois, principalement des reporters locaux traitant de sujets sensibles.
Aux États-Unis, Donald Trump mène, depuis sa réélection, une offensive frontale contre la presse : violences ciblées, harcèlement judiciaire, démantèlement des médias publics… RSF dénonce une attaque sans précédent contre le droit à l’information.
À Gaza, plus de 200 journalistes ont été tués en deux ans, dont 46 dans l’exercice de leurs fonctions. RSF réitère son appel urgent à la levée du blocus de l’enclave palestinienne, afin de permettre aux journalistes de continuer à documenter la situation humanitaire catastrophique.
Dérives autoritaires et persécutions individuelles
En Afrique de l’Ouest, RSF révèle le cas du journaliste béninois Hugues Comlan Sossoukpè, réfugié politique au Togo, qui a été arrêté en Côte d’Ivoire lors d’un séjour professionnel, avant d’être expulsé vers Cotonou et emprisonné. L’organisation dénonce une violation manifeste des droits du journaliste.
L’affaire du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison en Algérie, suscite une mobilisation croissante. Plusieurs personnalités publiques, dont l’écrivain Mohamed Mbougar Sarr et le cinéaste Michel Hazanavicius, appellent à sa libération.
Aux Philippines, RSF dénonce l’incarcération prolongée de la journaliste Frenchie Mae Cumpio sans preuves tangibles, et l’assassinat d’un autre journaliste, Erwin Segovia, abattu en pleine rue.
En Arabie saoudite, 14 journalistes sont toujours détenus, certains depuis plusieurs années. L’un d’eux, Turki al-Jasser, a récemment été exécuté. RSF réclame la libération immédiate de tous les journalistes emprisonnés.
Quelques lueurs d’espoir
RSF salue la libération récente de plusieurs journalistes burkinabè, retenus depuis des mois, parfois enrôlés de force dans l’armée. Toutefois, certains restent portés disparus.
Enfin, dans une lettre poignante adressée à RSF depuis sa cellule, Sevinj Vagifgizi, journaliste emprisonnée en Azerbaïdjan, dénonce la répression et l’exil forcé imposés aux journalistes indépendants.
Face à cette vague mondiale de répression, RSF appelle à une mobilisation renforcée pour la défense de la liberté de la presse, rappelant que le droit d’informer et d’être informé reste l’un des fondements essentiels des démocraties.
(AIP)
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