Bondoukou, 10 sept 2025 (AIP) – Des filles mineures vivent sous contrainte et sont exploitées par un réseau de matrones qui les exploitent pour la prostitution, selon des témoignages recueillis par l’AIP au quartier Djiminisso à Bondoukou.
Le quotidien de ces adolescentes est marqué par la peur, la violence et des conditions de vie indignes, a-t-on constaté sur place. Arrivées principalement du Nigeria, ces jeunes filles expliquent avoir été attirées par des promesses d’emploi ou d’argent pour soutenir leurs familles. Mais une fois sur place, elles découvrent qu’elles sont sous le contrôle de recruteurs et obligées de reverser une partie importante de leurs gains pour espérer un jour retrouver la liberté.
Selon A,H, une fille rencontrée dans un hôtel de passe du quartier Djiminisso, les promesses d’une meilleure vie pour subvenir aux besoins de sa famille se sont transformées en cauchemar. « Je suis obligée de trouver 500 000 FCFA pour sortir de cette souffrance. C’est la seule façon pour moi de retrouver mon bébé et ma mère au Nigeria », a-t-elle déploré.
Le paiement de cette somme devient un objectif vital pour elles, sous peine de subir des représailles physiques ou d’être maintenues sur place contre leur gré. « Souvent je travaille sous la pluie pour payer vite, je souffrais vraiment », confie une mineure.

Des conditions d’hébergement alarmantes et une violence physique présente
Les conditions d’hébergement sont alarmantes dans un hôtel pour certaines ou à leurs propres frais. Logées dans des chambres exiguës, souvent partagées par plusieurs filles, l’hygiène dans ces lieux est quasi inexistante. Certaines dorment sur le sol, exposées aux intempéries, au froid et à l’insécurité.
Pour se nourrir, elles doivent espérer trouver la nourriture grâce aux rétributions des clients hypothétiques. Les repas sont limités et insuffisants pour assurer un minimum de santé et d’énergie. Les filles doivent souvent se contenter de rations très restreintes, tout en envoyant une partie de leurs revenus à leurs familles restées dans leur pays.
Une jeune fille explique. « J’ai envoyé 20 000 nairas à mon bébé… mais ils ont reçu 50 000 FCFA. Je fais ce que je peux pour eux », a rapporté H. S.
Souvent, elles sont battues par leurs matrones pour un rendement insuffisant. Les filles sont battues ou humiliées par leurs recruteurs ou parfois par les clients, selon des témoignages.
La peur est constante, car la moindre erreur dans le paiement peut entraîner des sanctions immédiates. Certaines témoignent avoir été contraintes à travailler dans des conditions extrêmes pour échapper aux menaces de leurs patrons.
Un mince espoir de sortie de l’engrenage
Le travail de prostitution est épuisant et forcé. Les filles doivent satisfaire les clients dans des conditions difficiles, parfois sous la pluie ou dans le froid ou dans des lieux insolites à défaut de chambres de passe dans un hôtel ou dans les domiciles de particulier. Elles doivent générer rapidement de l’argent pour rembourser les recruteurs et éviter les violences.
« Tout ce que je fais dans ce bâtiment n’a jamais été ma passion », confie l’une d’elles qui doit débourser 500 mille FCFA pour être libre.
Malgré la souffrance, certaines tentent de garder espoir et font de petits gestes pour préserver leur dignité, comme mettre de côté une partie de l’argent pour leur enfant ou protéger les plus jeunes. La foi est aussi un soutien important. “Je prie Jésus… je sais qu’il souffre aussi pour nous », affirme une jeune fille.
Ces recruteurs des femmes exploitent la vulnérabilité des mineures et profitent de la fragilité familiale. Beaucoup sont trompées avec des promesses de travail honnête et se retrouvent ensuite contraintes de se prostituer, remboursant parfois des centaines de milliers de FCFA pour leur “libération” ou leur sécurité.
Les jeunes filles doivent également faire face à la concurrence et à la violence entre elles, ce qui augmente le climat de tension dans ces hôtels. Certaines sont contraintes de protéger leur argent et de s’assurer que les recruteurs respectent les règles qu’ils imposent.
Le recours à des intermédiaires et à des dettes est monnaie courante. Certaines filles expliquent qu’elles doivent emprunter ou payer à d’autres pour espérer échapper à l’exploitation directe et pouvoir envoyer de l’argent à leur famille.

Les autorités interpellées pour des actions
La situation des mineures à Bondoukou interpelle les autorités locales, dont la mairie de Bondoukou, qui, selon des sources, sont résolues à prendre des mesures idoines. Les acteurs de la société civile, dont l’ONG CIBES et de la protection des enfants et la direction régionale de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté du Gontougo attachent un grand prix à mettre un terme à ces pratiques qui touchent des mineurs.
Des actions sont annoncées pour empêcher l’exploitation et la prostitution forcée de mineurs. Des interventions sont nécessaires pour assurer un suivi des victimes et leur réinsertion sociale et éducative.
Ces témoignages révèlent l’urgence d’une mobilisation contre l’exploitation sexuelle des enfants. Entre violences physiques, isolement et contraintes financières, ces jeunes filles vivent dans un quotidien marqué par la peur et l’incertitude, loin de toute liberté. La société et l’État doivent agir pour leur offrir un avenir sûr et digne.
(AIP)
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