Lakota, 30 oct 2025 (AIP) – Le directeur régional de campagne adjoint associé du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) pour la région du Lôh-Djiboua, l’honorable Kouyaté Abdoulaye, député de Lakota commune et sous-préfecture, a abordé mardi 28 octobre 2025, à travers une interview accordée à l’AIP, diverses questions liées à la présidentielle du samedi 25 octobre, dans le département de Lakota. Il a salué la performance du candidat du RHDP dans le département et exposé les défis prioritaires en termes de développement à Lakota.
Le président Alassane Ouattara a obtenu 94,32 % de suffrage à Lakota avec un taux de participation de 40,50 %. Comment interprétez-vous ces résultats?
Je considère ces résultats comme très favorables, surtout au regard du contexte particulier que connaît Lakota. Notre département a longtemps été perçu comme une zone rouge. Dans ce cadre, le fait que le président Alassane Ouattara ait obtenu 94 % des suffrages exprimés relève d’une véritable prouesse.
Ce n’est d’ailleurs pas notre première performance remarquable. En 2020 déjà, nous avions atteint 93 % de suffrages en faveur du président Ouattara. Cela témoigne d’un engagement constant et d’une mobilisation significative.
Bien entendu, nous aspirons toujours à faire mieux. Personnellement, je visais un score compris entre 95 et 96 %. Malheureusement, certaines localités n’ont pas pu voter, comme cela avait déjà été observé en 2020. Dans les cantons Oparéko et Diéko notamment, plusieurs bureaux de vote ont été saccagés, ce qui a eu un impact sur notre performance globale.
Notre objectif était clair : atteindre au moins 80 % de taux de participation et obtenir entre 95 et 96 % de suffrages exprimés, en faveur du président Ouattara.
En somme, ces résultats sont excellents, surtout à Lakota, qui demeure une zone historiquement sensible. Obtenir 94 % des suffrages exprimés dans un tel contexte est une performance remarquable.
Qu’est ce qui pourrait expliquer ce taux de participation en dessous de 50 % à Lakota ?
Plusieurs localités n’ont malheureusement pas pu voter. Des actes de sabotage ont été enregistrés, des urnes ont été saccagées et des arbres abattus pour bloquer les routes. Le temps que les forces de l’ordre interviennent pour dégager les voies, le déroulement du scrutin a été quelque peu retardé.
Malgré ces nombreux obstacles, nous avons réussi à obtenir 94,32 % des suffrages exprimés en faveur du président Alassane Ouattara. C’est une performance remarquable qui témoigne de la détermination et de l’engagement des populations, même dans un contexte difficile
Avez-vous observé des disparités de vote entre certaines zones dans la commune de Lakota ?
Dans la commune de Lakota, le déroulement du scrutin s’est globalement bien passé. Nous avons enregistré en commune un taux de 93 % de suffrages exprimés en faveur du président Alassane Ouattara, ce qui témoigne d’une forte adhésion.
Il est vrai que, comme dans toute élection, des disparités ont été observées. Certains électeurs peuvent être favorables à un candidat pour une élection donnée, mais ne pas l’être pour une autre. Cela vaut aussi bien pour les élections présidentielles que pour les scrutins locaux.
En fonction des partis politiques et des candidats en lice, certaines zones peuvent se montrer favorables à un camp, tandis que d’autres expriment une préférence différente. Ces variations sont naturelles dans un processus démocratique.
Quels enseignements tirez-vous de cette campagne pour les échéances électorales futures ?
L’un des enseignements majeurs que nous tirons de cette expérience, c’est la nécessité d’une vigilance accrue à l’avenir. Il est évident que les élections présidentielles diffèrent des législatives, municipales ou régionales à venir, tant dans leur portée que dans leur dynamique.
Cette situation nous permet d’identifier les poches de résistance et les zones où des actes de violence ont été observés, afin de travailler en concert avec les forces de l’ordre pour les circonscrire efficacement. Cela implique que, bien avant les prochaines échéances électorales, nous devons parcourir les différentes localités pour y porter un message fort de paix et de cohésion. Car au-delà des divergences politiques, nous sommes avant tout des frères et des sœurs. Il n’est nul besoin de s’affronter pour une élection qui, au final, ne doit pas diviser mais renforcer notre vivre-ensemble.

Selon vous, quels sont les défis prioritaires que le président réélu devra relever dans le département de Lakota ?
Dans le département de Lakota, le premier défi, mon cheval de bataille depuis 2012, demeure le bitumage de l’axe Lakota-Sassandra. Lakota se trouve dans une situation de semi-enclavement, et l’ouverture de cette voie faciliterait l’accès à Sassandra, mais surtout à San Pedro, deuxième port de la Côte d’Ivoire.
Le deuxième défi concerne l’achèvement de l’électrification. Nous avons atteint un taux de couverture de 96 %, mais certains villages restent encore non électrifiés.
Le troisième défi est celui de l’adduction en eau potable, essentiel pour améliorer les conditions de vie des populations.
Le quatrième défi touche directement la ville de Lakota. Certes, le président Alassane Ouattara nous a déjà octroyés 10 km de bitume dans un premier temps, puis 5 km, et enfin 4 km. Toutefois, de nombreuses artères de la ville demeurent non bitumées, en raison de son expansion et de son élargissement. Il est donc nécessaire d’obtenir quelques kilomètres supplémentaires pour répondre aux besoins actuels.
J’ajouterais également l’importance stratégique du bitumage de l’axe Lakota–Goudouko–Fresco, qui débouche sur la côtière. Si nous parvenons à réaliser les travaux sur ces deux axes, Lakota-Sassandra et Lakota – Fresco, le département sera totalement désenclavé.
Un autre enjeu majeur est l’érection de certains villages en chefs-lieux de sous-préfecture. Nous avons identifié sept localités, dont Niakoblognoa, qui méritent ce statut au regard de leur démographie et de leur développement.
Les défis sont nombreux, certes, mais avec de la volonté et une bonne coordination, nous pouvons les relever en cinq ans.
Quel dernier mot pour les électeurs du département de Lakota ?
Il est essentiel que nous ne cédions pas aux chants de sirène. Certains cadres, mus par des intérêts personnels, lancent des mots d’ordre incitant à descendre dans la rue, alors qu’eux-mêmes se trouvent à l’étranger. Ils exposent les enfants des autres pendant que les leurs poursuivent tranquillement leurs études dans les grandes écoles européennes, américaines, canadiennes ou anglaises. Six personnes auraient perdu la vie. Ceux qui ont été arrêtés et emprisonnés ne sont pas les enfants des leaders qui ont appelé à manifester.
Nous sommes en démocratie. Chacun a le droit de s’abstenir de voter s’il estime que le processus électoral ne le satisfait pas. Mais nul n’a le droit d’empêcher un autre citoyen d’exercer son devoir en participant au vote.
Mon appel s’adresse à la jeunesse. “Ne vous laissez pas instrumentaliser. Ne devenez pas des boucs émissaires dans des luttes qui ne vous profitent pas. Il nous faut une jeunesse consciente, responsable et engagée pour la paix.
Les présidents Ouattara, Gbagbo et Thiam sauront se retrouver pour discuter de l’avenir du pays, sans nécessairement consulter ceux qui auront été jetés en prison pour avoir suivi des appels à la rue.
(AIP)
ob/jmk/fmo
Une interview réalisée par Ouattara Banafani
Correspondant de presse de Lakota

